Un patient douloureux est-il toujours dépressif ? Si, en cas de douleur chronique, le risque de dépression est accru, « pour autant, certains patients sont douloureux chroniques sans présenter de dépression », répond Françoise Hirsch, psychologue clinicienne à Toulouse. Un constat partagé par Bertrand Lionet (psychologue clinicien, Dunkerque), qui note que « 13 % des patients douloureux chroniques ont une dépression profonde (environ 80 % ont une dépression légère) ».
Dès lors, la question se pose de savoir pourquoi, à douleur chronique similaire, tous les patients ne développent pas des troubles dépressifs. La réponse est probablement dans l’intervention, entre autres, de facteurs psychiques individuels. « Par exemple, il peut y avoir une prise de conscience pour la personne de la différence entre ce qu’elle était dans le passé et ce qu'elle est devenue aujourd'hui, avec un sentiment de perte, voire de mutilation », a indiqué Françoise Hirsch. La personne victime de douleurs chroniques peut alors avoir tendance à se replier, à ne plus s'investir, avec une difficulté à se projeter dans l'avenir. Pour Bertrand Lionet, « il peut aussi s'agir d'une réaction contre soi (“je suis nul, je n'y arrive pas”), d'une perte narcissique (“je ne suis plus comme avant”) ».
La douleur synonyme de perte
Pour aider le patient, l'orientation thérapeutique doit prendre en compte cette dimension singulière du patient en amont de l'apparition de la douleur. Antidépresseurs et psychothérapie sont le plus souvent associés. « Il est possible de s'appuyer sur les questionnaires d'évaluation de la douleur, explique Pierre Sauvajon (consultation douleur, hôpital de Vienne). On peut demander au patient de dessiner d'abord son corps, puis de dessiner par-dessus les différents points d'anatomie où se manifeste la douleur. Ce type de dessin l’aide à mieux cerner ses sensations et à sortir du sentiment de douleur diffuse. La narration permet de déloger le patient de sa plainte pour ensuite chercher ensemble comment essayer de retrouver du plaisir et, petit à petit, le sortir de sa dépression. »
D’après la session « Back to basic : Un patient douloureux est-il toujours dépressif ? »
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