Anti-sécrétoires gastriques : les P-CABs vont-ils supplanter les IPP ?

Par
Publié le 14/11/2024
Article réservé aux abonnés

Les Potassium-Competitive Acid Blockers ou bloqueurs de l'acide compétitifs du potassium (P-CABs) sont une nouvelle classe d’antisécrétoires gastriques. Leur efficacité surpasse celle des IPP et c’est pourquoi, au-delà du RGO, ils sont étudiés dans l’œsophagite sévère ou encore l’éradication d’Helicobacter pylori. Les P-CABs se fixent au moyen d’une liaison ionique réversible à la pompe à protons (H⁺, K⁺-ATPase), bloquant l'accès des ions potassium à leur site de fixation et inhibant ainsi la sécrétion d'acide gastrique. Plusieurs études et conférences leur étaient consacrées lors du congrès.

Comme l’a expliqué le Pr Prateek Sharma (États-Unis), par rapport aux IPP, « ils inhibent de manière réversible les pompes à protons actives et inactives (donc sans interaction avec les repas), possèdent une demi-vie plus longue, d’où une inhibition plus durable de l'acide gastrique, et ne sont pas métabolisés par le cytochrome CYP2C19, réduisant ainsi les variations interindividuelles ». Ces caractéristiques leur confèrent un effet antisécrétoire supérieur à celui des IPP, avec globalement plus de 90 % du temps passé à un pH > 4 (contre environ 60 % pour les IPP et 85 % pour le vonoprazan dans une étude), et un délai d’action plus rapide.

Pour le moment, ces médicaments ne sont pas disponibles en Europe. En revanche l’un d’entre eux, le vonoprazan est accessible aux États-Unis depuis fin 2023. À ce stade néanmoins, même si les essais cliniques randomisés sur les bonnes performances des P-CABs s’accumulent, les IPP restent la référence Outre-Atlantique. Selon les recommandations de la Société américaine de gastroentérologie de septembre 2024, dans le RGO, leur efficacité supérieure est intéressante pour la cicatrisation des œsophagites sévères ainsi que pour les œsophagites ou les symptômes de RGO réfractaires aux IPP, ces derniers restant le traitement de 1ère ligne. Les P-CABs peuvent être utilisés en cas d’ulcère gastro-duodénal résistant aux IPP, ou pour prévenir les récidives après une hémorragie digestive. Concernant l’éradication de H. pylori, une méta-analyse publiée en 2024 a démontré la supériorité du vonoprazan versus IPP, ce qui en fait la seule situation où les recommandations les placent en 1ère intention.


Source : Le Quotidien du Médecin