« LA NYCTURIE et l’urgence mictionnelle sont les motifs de consultation les plus fréquents en urologie lorsque l’on parle de symptômes du bas appareil urinaire (SBAU). Dans 30 % à 50 % des cas, la prostate n’est pas en cause. L’homme n’est pas qu’un prostatique… ! »
La terminologie des troubles mictionnels est déterminante pour identifier la cause exacte dont dépend la prise en charge thérapeutique, insiste le Pr Gilles Karsenty. Le cycle mictionnel est binaire, avec une phase de stockage et une phase de vidange ; l’urgence mictionnelle, l’incontinence et la nycturie étant des troubles mictionnels de la phase de stockage ; le jet faible et la rétention aiguë, des SBAU impliquant la phase de vidange.
Dissection sémiologique du motif de consultation : la nycturie.
La prévalence de la nycturie augmente très nettement avec l’âge. Elle répond à la définition sémiologique suivante : se lever la nuit pour uriner – « La nycturie fait partie des symptômes les plus gênants signalés par les patients. Ce dernier est réveillé par le besoin. Aussi, la nycturie s’accompagne d’une morbimortalité spécifique consécutive aux chutes nocturnes, en particulier chez le sujet âgé », explique le Pr Gilles Karsenty.
Cette nycturie peut être liée à une augmentation du volume urinaire la nuit, une augmentation globale de la diurèse jour et nuit, une diminution de la capacité vésicale fonctionnelle ou être consécutive à des troubles du sommeil.
Ainsi, la nycturie peut se traduire cliniquement par une pollakiurie nocturne avec une diurèse nocturne normale ou une polyurie nocturne. La pollakiurie nocturne oriente vers une dysfonction du bas appareil urinaire ; la polyurie nocturne à un trouble de la production d’urine. Deux situations totalement distinctes.
La polyurie nocturne peut être liée au vieillissement, à un syndrome d’apnée du sommeil, à une insuffisance cardiaque, à la consommation de certains médicaments le soir.
Pollakiurie et polyurie nocturnes impliquent des explorations et une prise en charge thérapeutique spécifiques. En présence d’une nycturie, un seul examen permet de distinguer la polyurie nocturne de la pollakiurie nocturne : le calendrier mictionnel. « C’est l’ECG de l’urologue, explique le spécialiste. Pendant 3 jours, le patient note les horaires et les volumes. Il permet d’établir un diagnostic précis, valable pour tous les troubles mictionnels de l’homme et de la femme. »
« Tout ne sera pas réglé par la désobstruction sous-vésicale ou résection de prostate. Il faut aller plus loin dans la démarche diagnostique pour une prise en charge thérapeutique efficace », affirme le Pr Karsenty.
Cet exemple peut être repris à l’identique avec le syndrome clinique d’hyperactivité vésicale (urgenturie et pollakiurie) lorsqu’il survient chez l’homme
Pour Gilles Karsenty, la présence d’un adénome de prostate doit conduire à répondre à une question centrale : « Y a-t-il une obstruction ? Si oui, un adénome en est-il responsable ? ». En effet, l’obstruction retentit sur la vessie et modifie son comportement, conduisant paradoxalement à des symptômes de la phase de stockage et pas seulement de celle de vidange. Tous les hommes ne sont pourtant pas « obstructifs » ; des dysfonctions vésicales authentiques et isolées existent indépendamment de toute obstruction elles augment d’ailleurs avec l’âge comme les symptômes de la phase de stockage chez l’homme. Ainsi la cible thérapeutique pourra être la prostate, la vessie ou les deux.
Réunion « Les rendez-vous du quotidien » organisée avec le soutien institutionnel des Laboratoires Abbott.
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