Éducation à la sexualité

Il est temps de s'y mettre vraiment !

Par
Publié le 12/05/2016

Il n'y a pas de libération dans une société sans une éducation qui amène les individus à prendre connaissance de leurs droits ou des possibilités qui peuvent leur être données d'accéder à une sexualité plus libre, notamment pour les femmes.

Certes, la question de la sexualité dans notre société a beaucoup progressé, et la notion de sexualité s'est élargie. On assiste à une redéfinition du rôle femmes/hommes, en même temps qu'une commercialisation à outrance du sexe, particulièrement féminin. On pourrait même penser que le consentement entre adultes a définitivement remplacé l'interdit et que la liberté sexuelle ne fait plus question.

Seulement voilà : toutes les informations des médias, tous les débats littéraires, scientifiques et politiques n'ont jamais été suffisants pour amener des changements de comportements sur l'ensemble de la population (cf sida). Rappelons que l'éducation à la sexualité a été rendue obligatoire en 2001 de la maternelle à la terminale (en plus des cours de SVT) et que les ABCD de l'égalité étaient censés contribuer à la transmission des valeurs d'égalité et de respect mutuel. C'était sans compter le recul des politiques sous la pression de la rue et de la manifestation dite pour tous. Le terme de genre est devenu interdit dans la communication officielle et… tous les programmes d'éducation à la sexualité ont été gelés. Le débat s'est emballé et les vieilles peurs sont réapparues : peur de la décadence, de la perte des repères moraux, peur pour les jeunes, les femmes, la famille…

Le projet de l'Éducation nationale (mis en ligne en février sur le site eduscol) est rempli de bonnes intentions. Cependant, on y remarque que les trois séances prévues par la loi sont en articulation avec le programme de SVT ou de Sciences médico-sociales ou de Prévention-santé-environnement. On peut douter que, noyées dans des considérations scientifiques, les questions des adolescents dépassent le stade des performances biologiques et de la normalité plutôt que d'aborder véritablement le respect de l'identité de l'autre, respect essentiel au vivre ensemble.

Dr Brigitte Martin

Source : Le Quotidien du médecin: 9495