À fortement encourager mais en respectant des règles

Sport après 50 ans : ne pas faire n’importe quoi

Publié le 14/11/2012
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Crédit photo : S Toubon

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Crédit photo : S TOUBON

« AVOIR UNE activité physique et sportive c’est bon pour la santé, mais il ne faut pas faire n’importe quoi », rappelle le Pr François Carré. L’impact positif sur la santé, quel que soit l’âge, d’une activité physique régulière et modérée a été souligné par de nombreuses études, les bénéfices étant d’autant plus nets que l’activité est plus intense dans la modération. « La modération se traduit en pratique par un essoufflement modéré, n’empêchant pas la conversation avec les partenaires. Il ne s’agit donc pas de compétition, qui sous-tend une préparation physique menée de façon structurée afin d’améliorer la performance lors de la confrontation avec d’autres personnes pratiquant la même activité. »

Les bénéfices d’une pratique sportive, qui doit être encouragée à tout âge, doivent être rappelés au patient. Elle améliore le profil de risque cardiovasculaire : réduction de la pression artérielle, de l’insulino-résistance, du tour de taille (la réduction du surpoids nécessite un régime associé) et, à un moindre degré, augmentation du HDL-cholestérol et baisse des particules denses de LDL-cholestérol. L’activité physique et sportive améliore Ia capacité de vasodilatation artérielle et, donnée plus récente, elle réduit le niveau d’inflammation au niveau de l `organisme et, par là même, celui de développer une maladie chronique, cardiovasculaire notamment. Enfin, l’activité sportive a un impact positif sur la coagulation, en particulier chez les sujets âgés.

Le risque de mort subite

Le sport est donc bénéfique, certes, mais il s’accompagne d’un risque de mort subite surtout par complication d’un infarctus du myocarde chez les sujets de plus de 35 ans. « Afin de prévenir ce risque, la réalisation systématique d’un électrocardiogramme d’effort a été proposée, mais cette attitude ne paraît plus aujourd’hui totalement justifiée dès l’âge de 35 ans. En effet, l’épreuve d’effort permet de détecter une atteinte coronaire suffisamment marquée pour être hémodynamiquement significative et donc entraîner une modification de l’électrocardiogramme, mais elle ne permet pas de dépister une petite plaque d’athérome, pourtant susceptible de se rompre lors d’un effort intense. En pratique, une épreuve d’effort doit être demandée de façon systématique chez les sujets à risque dès 35 ans, surtout en cas de tabagisme et d’hypercholestérolémie, mais aussi en cas de surpoids, d’HTA, de diabète de type 2 et de sédentarité marquée, et chez tous les hommes de plus de 50 ans désirant pratiquer une activité physique intense. Mais une épreuve d’effort négative peut être faussement rassurante et, pour cette raison, il faut insister auprès du patient pour qu’il respecte certaines règles et surtout qu’il consulte en cas de survenue du moindre symptôme, même au lendemain d’une épreuve d’effort négative : douleur, essoufflement anormal, palpitation ou malaise pendant ou juste après l’effort », insiste le Pr Carré. L’épreuve d’effort peut être complétée en cas de doute par un coroscanner, qui ne doit pas être réalisé de façon itérative du fait de l’irradiation qui en découle.

Sous le seuil d’essoufflement.

Quels que soient l’âge et le profil de risque, la reprise d’une activité physique doit être progressive, en observant au moins 6 à 8 semaines de pratique modérée (activité réalisée en dessous du seuil d’essoufflement) avant toute activité plus intense, ce qui aide à stabiliser d’éventuelles plaques d’athérome. « Il n’est pas question de s’entraîner à un marathon en commençant trois semaines avant la compétition, ni d’essayer de suivre à vélo des jeunes de 30 ans quand on a 60 ans. »

Le suivi des règles d’or « Cœur et sport, absolument mais pas n’importe comment » (http://www.clubcardiosport.com/regles-d’or/affiche.jpg) doit être rappelé par le médecin lors de la visite de non contre-indication, mais c’est au patient de les suivre.

D’après un entretien avec le Pr François Carré, Responsable du service explorations fonctionnelles, CHU Pontchaillou, Université Rennes 1, INSERM U 1099.

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9189