Spondyloarthrite axiale

Évaluation d’un programme d’éducation et de dépistage des comorbidités

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Publié le 10/12/2018
Education therapeutique

Education therapeutique
Crédit photo : Phanie

Les patients atteints de spondyloarthrite axiale (axSpA) ont un risque accru de développer certaines comorbidités (cardiovasculaires, ostéoporose, cancer, infection, ulcère gastrique) qui peuvent influer sur le devenir de la maladie et du patient. « Des recommandations spécifiques pour la prévention et la gestion de ces comorbidités ont été proposées. Cependant, des études ont montré le décalage entre ces recommandations et la pratique », explique le Dr Anna Molto, pneumologue à l’hôpital Cochin (Paris). L’objectif de l’étude COMEDSPA était donc que soit évalué par une infirmière, lors d’une visite dédiée, l’effet d’un programme de dépistage des comorbidités au regard des recommandations de la SFR. En cas de discordance avec ces dernières, le patient était informé, et un compte rendu résumant les conclusions de la visite était envoyé au médecin traitant et au rhumatologue du patient.

Pour une meilleure application des recommandations

Un autre volet de cette étude concernait l’évaluation d’un programme infirmier d’éducation. En effet, les recommandations de l’ASAS (Assessment of SpondyloArthritis International Society) et de traitement à la cible (T2T) insistent sur l’importance de mesurer et de documenter l’activité de la maladie, de la prise d’AINS, du sevrage tabagique et de l’activité physique, mais cela se révèle difficile à suivre en pratique quotidienne. « Les infirmières en rhumatologie pourraient avoir un rôle capital à jouer dans l’éducation à l’autoévaluation et l’autogestion des patients », affirme le Dr Molto. Le programme incluait donc une vidéo d’explication de la maladie, de l’intérêt d’un sevrage tabagique et d’avoir une activité physique, et du rôle des AINS comme pierre angulaire du traitement en l’absence de contre-indications. Il comportait aussi un examen physique par l’infirmière à la recherche de déformations axiales (suggérant une maladie sévère) et, en fonction de la présence ou de l’absence de celles-ci, la projection d’une vidéo spécifique d’exercices. L’autoévaluation s’effectuait par le calcul de l’ASDAS et du BASDAI (index calculés par le patient grâce aux explications de l’infirmière) et par le report mensuel des résultats sur un carnet de suivi. « Cette étude est intéressante parce qu’elle repose sur une intervention unique de l’infirmière, et que les patients étaient revus seulement un an après. Il n’y avait pas de relance », souligne le Dr Molto.

Diminution du BASDAI et augmentation de l’activité physique

Ont été inclus 502 patients (âge 46,7 ± 12,2 ans, 62,7 % d’hommes, durée de la maladie 13,7 ± 11 ans), 252 dans le groupe « comorbidités » et 250 dans le bras « éducation ». « Il s’agit d’une population classique d’axSpA stable, avec comme seule différence le fait que 80 % des patients environ étaient sous biothérapies. Cela s’explique par le fait qu’ils ont été recrutés dans des centres hospitaliers qui disposaient d’infirmières en rhumatologie », fait remarquer le Dr Molto.

Après un an de suivi, la capacité à faire face (critère principal) était améliorée mais comparable dans les deux groupes. Cependant, dans le groupe « éducation » (avec intervention de l'infirmière et suivi du programme d'éducation), le BASDAI avait significativement diminué, tandis que le nombre et la durée des auto-exercices avaient augmenté.

Augmentation des vaccinations et de la supplémentation en vitamine D

Dans le bras "comorbidités" (avec intervention de l'infirmière sur le programme de dépistage des comorbidités), les résultats montrent que le nombre d’actions entreprises pour être en accord avec les recommandations était significativement augmenté, notamment en ce qui concerne les vaccinations contre la grippe et le pneumocoque. La réalisation d’une densitométrie était également plus fréquente, ainsi que la supplémentation en vitamine D et le dépistage de cancers cutanés.

« Cette étude montre qu’une seule consultation dédiée, permettant de faire une évaluation globale du patient et d’en fournir un compte rendu détaillé et pratique pour le médecin traitant, améliore la prise en charge du patient », conclut le Dr Molto. 

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9709