« Nous vivons au milieu des virus. Le virome humain est estimé à 1 015 virus, qui peuvent être responsables d'infections aiguës, chroniques et latentes », a rappelé le Dr Antoine Deschildre (CHRU de Lille).
Les études menées au cours des dernières années ont mis en évidence le lien existant entre terrain atopique, infections virales – en particulier à rhinovirus – et crises d'asthme.
Dans la cohorte néonatale Coast, qui a suivi 250 enfants ayant au moins un parent atopique, de la naissance à l'âge de 13 ans. Le risque d'asthme était multiplié par trois chez les enfants qui avaient présenté au moins une infection par rhinovirus au cours des trois premières années de leur vie, et par 7,9 chez ceux qui, au cours de la même période, avaient développé une sensibilisation aux aéro-allergènes.
Les infections virales constituent un facteur déclenchant des exacerbations. L'étude Virasthma 1 a montré le rôle prépondérant joué par les rhinovirus (80 %) chez des enfants âgés en moyenne de 8,9 ans hospitalisés pour une exacerbation sévère. Cela semble confirmé dans l'étude Virasthma 2, qui a inclus 146 enfants âgés de 1 à 5 ans avec une exacerbation. La majorité était infectée par un virus, dans trois-quarts des cas par un rhinovirus.
Le rôle des infections par le virus respiratoire syncytial (VRS) semble différent. Il est à l'origine de manifestations respiratoires aiguës récurrentes dans la petite enfance, mais seules les infections sévères pourraient à terme favoriser l'asthme.
Et l'interaction entre virus et allergènes est un facteur favorisant le risque d'hospitalisations pour excerbation, qui est multiplé par 8 chez l'adulte et par 13 chez l'enfant.
Plusieurs profils de patients
À partir des données colligées ces dernières années, il a été possible de décrire différents groupes de patients en fonction de leur réponse antivirale. On distingue notamment le « groupe 4 », où les sujets présentent un asthme par défaut d'immunité innée antivirale (baisse de l'interféron et augmentation des cytokines pro-inflammatoires), et le « groupe 5 », avec un asthme associé à l'allergie, plus tardif, avec peu d'exacerbations, marqué par la production d'interféron et de cytokines régulatrices telles que l'IL10.
Pour l'instant, aucun traitement préventif n'a démontré son efficacité. Mais chez les enfants dits exacerbateurs, un traitement par omalizumab initié 4 à 6 semaines avant la rentrée scolaire – période marquée par une épidémie de crises d'asthme – et poursuivi pendant 3 mois, permet de réduire les exacerbations. Tels sont les résultats de l'étude Prose, menée chez des enfants âgés de 6 à 17 ans qui avaient fait au moins une exacerbation sévère au cours des 19 mois précédents. « Une efficacité en lien avec la restauration de la réponse innée antivirale », a souligné le Dr Deschildre.
Communication du Dr Antoine Deschildre, CHRU de Lille
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