L'incidence, la sévérité et la mortalité liée à la pneumonie chez l'enfant ont été très nettement réduites au cours des dix dernières années grâce à l'amélioration des conditions socio-économiques et de l'accès aux soins, à un plus large recours aux stratégies de prévention et à de vaccins plus performants, en particulier les vaccins conjugués contre le pneumocoque et hæmophilus influenzae de type b (1).
Malgré ces avancées, la pneumonie reste l'une des causes majeures de mortalité infantile (hors période néonatale) dans le monde et est à l'origine de très nombreuses hospitalisations. Un problème d'autant plus préoccupant que les données récentes soulignent le lien entre pneumonie dans l'enfance et développement de maladies respiratoires chroniques comme l'asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) quelques années plus tard ou à l'âge adulte (2,3).
Compte tenu de la meilleure couverture vaccinale, il semble que les étiologies virales soient donc plus fréquemment en cause dans la survenue des pneumonies. Les études dans ce domaine sont rendues difficiles par la complexité du diagnostic étiologique : cultures rarement positives, implication de plusieurs pathogènes… Malgré ces limitations, les études menées depuis l'avènement du vaccin pneumococcique ont mis en évidence une part croissante des virus, identifiés dans de 70 à 90 % des cas (4,5).
Le VRS en tête
Chez les enfants vaccinés par le vaccin pneumococcique à 13 valences, le virus respiratoire syncytial (VRS) est devenu le principal agent en cause, en particulier chez les moins de 6 mois, dans les pays développés comme dans ceux en développement.
Toutefois, le VRS est souvent associé à d'autres pathogènes, virus ou bactéries.
Les données d'études cas contrôles (versus sujets sains) ont souligné l'implication du VRS, mais aussi des virus influenza et du métapneumovirus humain (hMPV). Les adénovirus, les virus para-influenza et les coronavirus sont aussi associés à la survenue de pneumonies, mais pas les rhinovirus, dont les prévalences étaient comparables chez les enfants malades et les sujets sains.
Les études ont aussi souligné les limites actuelles du diagnostic étiologique : interactions entre plusieurs pathogènes, sensibilité modeste des tests bactériens et faibles performances des tests moléculaires.
Mais le constat est là : à l'heure des vaccins conjugués, le VRS représente une cause majeure de pneumonie notamment chez les plus jeunes. Une des voies de prévention des pneumonies est donc celle des infections à VRS.
D'après Heather J Zar, université de Cape Town, Afrique du Sud. «The role of viral pathogens in childhood pneumonia»
(1) Campbell H et al. Lancet Glob Health 2015;3:e65-66
(2) Svanes C et al. Thorax 2010;65:14–20
(3) Jackson DJ et al. Am J Respir Crit Care Med 2008;178:667-72
(4) Jain S et al. N Engl J Med 2015;372:2167-68
(5) Rhedin S et al. Thorax 2015;70:847-53
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