« Dans la cohorte NutriNet-Santé, nous avons trouvé que 6 % des utilisateurs de compléments alimentaires dépassaient les limites de sécurité pour le fer chez les hommes (9 % chez les femmes) et 5 % pour le magnésium. De plus, 7 % des consommateurs ont rapporté des apports à risque, notamment du bêta-carotène alors qu’ils sont fumeurs ou ex-fumeurs, ou encore des nutriments susceptibles d’interagir avec leurs médicaments », détaille Mélanie Deschasaux-Tanguy (équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle qui coordonne la cohorte NutriNet-Santé, Université Sorbonne Paris Nord et Paris Cité). Le dispositif Nutrivigilance a d’ailleurs pointé en 2019, 436 incidents liés à la prise de compléments alimentaires, dont 41 % d’effets indésirables jugés plausibles parmi les déclarations analysables : il s’agissait surtout de troubles gastro-entérologiques, de troubles dermatologiques, de maux de tête ou de nausées.
Quid de la consommation des compléments alimentaires dans des pathologies comme les cancers ? « La question est d’autant plus complexe qu’un même composé bioactif peut avoir des effets contrastés selon la dose (nutritionnelle ou pharmacologique), le statut nutritionnel de départ, la matrice (complexe avec un aliment) et la présence de facteurs modulateurs comme le tabagisme, la consommation d’alcool, l’existence d’une tumeur subclinique, etc. Il faut notamment faire attention avec les antioxydants, qui peuvent avoir tendance à réparer les dégâts oxydatifs induits par les traitements sur les cellules cancéreuses, d’où l’effet inverse de celui escompté », donne pour exemple Mélanie Deschasaux-Tanguy. Au vu des données disponibles, les expertises collectives nationales et internationales recommandent d’ailleurs de ne pas consommer de compléments alimentaires en prévention primaire, secondaire ou tertiaire des cancers.
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