Face à une personne âgée dénutrie, une règle fondamentale : l'adaptation des consistances et l'enrichissement des apports énergétiques et hydriques en fonction de ses besoins et de ses apports spontanés (lire page XX).
Indiqué en cas d’échec de l’alimentation enrichie et/ou de dénutrition sévère, les compléments nutritionnels oraux (CNO) peuvent être prescrits. Ils doivent être pris en complément, et non à la place du repas. En France, une poignée de grandes marques se partagent le marché de la nutrition clinique orale, dont Lactalis (Delical, Fibreline, Realdiet), Nutricia (Fortimel), Nestlé (Clinutren et Renutryl), Fresenius Kabi (Fresubin) et Nutrisens (Tonusline).
Première indication, la prévalence des troubles de la déglutition est estimée entre 8 et 15 % chez les personnes âgées vivant à domicile et entre 30 et 40 % en institution. Le patient doit garder le plus longtemps possible une alimentation orale et normale, puis adapter, si besoin, la consistance des aliments et la viscosité des liquides.
« Les personnes âgées qui souffrent de problèmes de déglutition doivent opter pour des aliments plus compacts. Les CNO seront alors, par exemple, des crèmes desserts plus denses qu'habituellement, ou encore des poudres qui peuvent venir épaissir les boissons et potages. Celles-ci peuvent être enrichies (en protéines et énergie), ou non. Il existe aussi des plats mixés (bœuf bourguignon, poule au pot, pâtes bolognaise…), dont la consistance convient à ces patients », indique Aurélie Maillard, diététicienne nutritionniste à Paris.
Les problèmes dentaires peuvent engendrer des difficultés d'alimentation et constituer un facteur de risque de dénutrition. « Les aliments durs (biscuits, viandes, carottes crues…) peuvent être dissuasifs », note Aurélie Maillard.
Encourager l'autonomie
Fréquents également, les troubles de la préhension démotivent souvent le patient. Le rôle du/de la soignant.e ou de l'aidant.e familial est primordial pour faciliter la prise alimentaire. Certains industriels proposent des packagings adaptés (bouteilles d'eau ressérées au centre facilitant la préhension, par exemple).
Pour sa part, le groupe français Nutrisens vient de lancer une gamme de produits adaptée aux personnes qui sont dans l'incapacité de se servir de couverts (maladie d’Alzheimer, troubles cognitifs ou visuels, handicap physique…). « Baptisée "Nutrimain", elle se décline sous deux formes : bouchées (nuggets, par exemple) ou produits prêts à être tranchés par les chefs de cuisines d'établissements de santé. Ces produits sont des "manger-mains" : ils ne doivent pas s’écraser, se casser, glisser, fondre ou salir les doigts. Les formes sont ergonomiques, faciles à attraper. Néanmoins, le "manger-main" nécessite un accompagnement des soignants (initialisation du repas, guide des gestes). Il ne faut rien imposer aux patients ; il faut toujours laisser des couverts à leur disposition », confie Georges Devesa, PDG de Nutrisens.
Entretien avec Aurélie Maillard, diététicienne-nutritionniste (Paris)
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