Comment assurer le maintien dans l’emploi ? « C’est une question importante, un enjeu majeur de la santé au travail, notamment en raison du vieillissement de la population au travail et de l’augmentation des maladies chroniques. On voit aujourd’hui des gens de plus en plus fragilisés dans leur environnement et dans leur parcours professionnel. Dans ce contexte, la question du maintien au travail ou du retour à l’emploi après un arrêt de travail est cruciale », souligne le Pr Gérard Lasfargues, PUPH en médecine et santé au travail à l’université Paris Est-Créteil et directeur général adjoint scientifique de l’Anses.
Environnement « capacitant »
En compagnie de Sandrine Caroly, le Pr Lasfargues doit modérer durant le congrès une séance plénière sur les concepts actuels développés dans le maintien à l’emploi. « Cette session sera l’occasion de mettre en avant un certain nombre de concepts innovants, notamment celui d’environnement « capacitant ». L’idée est de montrer que, pour une personne en difficulté ou en situation de fragilité, il est utile d’utiliser toutes les ressources positives du milieu qui peuvent favoriser la prévention et la réadaptation durables », indique le Pr Lasfargues.
Ce problème du maintien dans l’emploi ne peut pas être abordé sans une réflexion plus large sur les évolutions actuelles du monde du travail. « Aujourd’hui, les parcours professionnels sont beaucoup plus fragmentés et il y a une fréquence accrue de conditions de travail pénibles. Certains facteurs sont particulièrement présents : la pénibilité physique, mais aussi les contraintes temporelles dans le travail et les horaires atypiques, comme le travail de nuit, tôt le matin ou tard le soir », indique le Pr Lasfargues.
Tout l’enjeu est de réussir à mettre en œuvre un travail « soutenable ». « Pour cela, il faut développer des stratégies coopératives opérationnelles sur des objectifs partagés entre les différents acteurs concernés : les médecins du soin et de la réadaptation, les médecins du travail, les acteurs sociaux, les acteurs de la prévention et les médecins-conseils de l’Assurance-maladie… C’est essentiel que tout le monde travaille ensemble, en particulier le généraliste et le médecin du travail. C’est le généraliste traitant qui va apprécier l’état de santé global de la personne et sa capacité à faire face à des exigences ou sollicitations physiques, cognitives, etc. Et le médecin du travail devra apprécier la charge de travail de la personne et les possibilités de sa régulation, individuelle et par le collectif de travail, pour voir dans quelles conditions ou avec quels aménagements peut se faire le maintien ou le retour à l’emploi », indique le Pr Lasfargues.
Ce dernier estime que la priorité est d’assurer un accompagnement individualisé et durable de la personne, depuis son arrêt de travail jusqu’à son retour dans l’emploi. « Et c’est important que cet accompagnement ne s’arrête pas le jour du retour à l’emploi », indique le Pr Lasfargues, en insistant enfin sur la nécessité d’une prise en charge la plus précoce possible. « Cela a été démontré clairement dans les lombalgies ou les TMS. Dès qu’on dépasse une certaine durée d’arrêt de travail de quelques semaines, les chances de retour à l’emploi s’amenuisent très significativement ».
D’après un entretien avec le Pr Gérard Lasfargues (Créteil)
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