« Les tests qui seront utilisés par les médecins généralistes sont encore discutés, mais le cadre global de la stratégie nationale de diagnostic est déjà acté », rapporte le Pr Pierre Krolak-Salmon, qui se félicite de cet accord inédit entre le Collège de médecine générale et les différentes sociétés savantes impliquées dans les troubles cognitifs. « Le déremboursement des médicaments n’a pas affaibli le partenariat entre généralistes et spécialistes ».
Une consultation dédiée
La mise en place d’une consultation dédiée au repérage des troubles cognitifs en soins primaires vise à détecter et prendre en charge plus précocement les sujets à risque de développer une maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée, sans saturer les centres mémoire et les cabinets de neurologie. Il s’agit d’une stratégie graduée, pas à pas, où la première étape se fonde sur une consultation longue permettant un interrogatoire précis et la réalisation de tests performants chez des patients ayant une plainte ou une situation à risque (antécédents familiaux). En l’absence de trouble cognitif, le patient peut être rassuré mais il peut toutefois se voir proposer un suivi régulier et des démarches de prévention. En cas de troubles de l’humeur, il doit bien sûr être pris en charge de façon adaptée. Si le trouble cognitif est avéré, le patient doit alors bénéficier d’un bilan complémentaire, avec réalisation d’une IRM cérébrale et dosages biologiques. « L’objectif est de n’adresser en consultation mémoire que les patients à risque », précise le Pr Krolak-Salmon. Les généralistes pourront s’appuyer sur une plateforme d’information avec un accès facile au centre expert le plus proche à partir du code postal de leur lieu d’exercice.
Des essais en cours
Les patients, s’ils le souhaitent, peuvent participer à un essai thérapeutique. Plusieurs essais de phase 2 et 3 sont en cours, évaluant notamment dans les stades légers un anticorps monoclonal visant la protéine amyloïde, un inhibiteur enzymatique et de l’agrégation de la protéine tau.
Un vaste essai de prévention pharmacologique randomisé en double aveugle est aussi en cours chez les porteurs du facteur de risque génétique (allèle E4 de l’apolipoprotéine). La première phase consiste à réaliser, chez des sujets inquiets du fait d’un contexte familial de maladie d’Alzheimer, un test génétique par écouvillonnage salivaire pour dépister ceux qui sont porteurs de l’allèle et qui présentent donc un risque plus élevé de développer la maladie avant 85 ans. Puis, la réalisation d’une TEP chez les ApoE4 positifs, permettra de détecter les sujets ayant des lésions amyloïdes auxquels la randomisation sera proposée.
« En France, deux premiers patients ont été screenés à Lyon », indique le Pr Pierre Krolak-Salmon.
D’après un entretien avec le Pr Pierre Krolak-Salmon, président de la Fédération des centres de mémoire, Lyon.
(1) Société française de gériatrie et gérontologie, Fédération française de neurologie, Société de psychogériatrie de langue française et gouvernance plan « maladies neurodégénératives ».
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