DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE TROUBLE OBSESSIONNEL compulsif (TOC), au quatrième rang des troubles psychiatriques les plus fréquents, est caractérisé par des obsessions (pensées intrusives) et des compulsions récurrentes (rites excessifs) qui perturbent la vie quotidienne et entraînent une souffrance. Son origine neurophysiologique reste mal comprise, néanmoins des altérations du circuit corticostrié sont observées chez les patients. Une composante génétique intervient dans la pathogénie.
Shmelkov et coll. qui souhaitaient découvrir la fonction de la protéine Slitrk5, ont créé une souris K. O. dépourvue du gène Slitrk5. Les chercheurs avaient initialement découvert cette protéine dans les cellules souches et les cellules endothéliales, mais Slitrk5 est principalement exprimée dans le tissu neural (protéine transmembranaire neuronale). Cette protéine appartient à une famille de 6 protéines Slitrk (SLIT and NTRK-like protein) dont les fonctions sont inconnues. Le gène SLITRK1 a récemment été lie au syndrome de La Tourette.
Des souris qui se nettoient sans arrêt.
Les chercheurs ont découvert que les souris K. O. Slitrk5-/- développent un trouble du comportement typique du trouble obsessionnel compulsif (TOC) : elles se nettoient sans arrêt, au point d’en perdre les poils et de développer des lésions cutanées, et présentent des comportements anxieux en situation conflictuelle (elevated-plus-maze et open-field tests). Ces symptômes sont soulagés par des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) comme cela est observé chez les patients atteints de TOC.
À l’examen cérébral, ces souris révèlent :
- une hyperactivité sélective du cortex orbitofrontal ; cela est observé chez les patients TOC, mais n’a jamais été rapporté dans les précédents modèles souris de TOC ;
- des anomalies anatomiques et cellulaires du striatum (volume réduit et baisse de la complexité dendritique) ;
- une expression réduite des récepteurs glutamate dans le striatum, ce qui contribue à entraîner un déficit de la neurotransmission corticostriée.
Cette étude identifie donc la protéine neuronale Slitrk5 comme jouant un rôle essentiel aux synapses corticostriées et procure un nouveau modèle murin du TOC.
« Nous avons découvert qu’un nouveau gène, Slitrk5, est associé au trouble obsessionnel compulsif (TOC). De façon intéressante, cette souris évoque les principaux traits anatomiques et comportementaux qui caractérisent la maladie chez les humains », explique au « Quotidien » le Dr Shahin Rafii (Weill Cornell Medical College, New York).
Les mêmes régions cérébrales que chez l’homme.
« Nous avons trouvé des anomalies dans les mêmes régions cérébrales connues pour être affectées chez les patients TOC, à savoir des défauts de transmission entre le cortex et les ganglions de la base, une hyperactivité de certaines régions des lobes frontaux appelées le cortex orbitofronta. » Les chercheurs ont aussi constaté que le comportement TOC typique chez la souris, le toilettage excessif, est amélioré par la fluoxétine.
« Le trouble obsessionnel compulsif chez les humains est une affection complexe qui peut se manifester par plusieurs comportements. Nous disposons maintenant d’un modèle souris que nous pouvons utiliser pour évaluer de nouvelles thérapies qui pourraient être indiquées pour certains patients affectés de TOC. Ce modèle murin nous permettra de conduire des études plus approfondies pour comprendre la maladie. Le fait que nous ayons identifié une voie moléculaire affectée chez ces souris, permettra de mieux comprendre quelles molécules nous pouvons cibler pour traiter l’affection. »
« Autre aspect intéressant, nous avons découvert un nouveau gène qui peut être dépisté chez les patients atteints de TOC, et ceci pourrait conduire à un traitement ciblé personnalisé. »
Nature Medicine 25 avril 2010, Shmelkov et coll., DOI: 10.1038/nm.21259
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