Le manque d'activité physique ne favorise pas le maintien de la masse musculaire. L'insulinorésistance et la lipotoxicité ont un impact métabolique néfaste sur le muscle. S'y ajoutent l'altération de l'influx nerveux, la réduction du débit sanguin sur le muscle, l'augmentation des cytokines inflammatoires, l'hypogonadisme, la résistance anabolique... Passés 6 ans de maladie diabétique, la fonction musculaire commence déjà à s'altérer (1). Et l'évolution longitudinale montre que la perte musculaire est bien plus rapide chez le diabétique âgé que chez les non diabétiques (2).
En conséquence, la prévalence de la sarcopénie est multipliée d'un facteur 1,5 dans le diabète. La coexistence d'une néphropathie, inductrice d'une perte de masse maigre et/ou la présence d'une neuropathie douloureuse majorent encore le risque de sarcopénie. Or, moins le muscle est valide, moins il est sollicité et plus la sarcopénie progresse. C'est le cercle vicieux avec en corollaire un risque de chute et à l'horizon l'incapacité physique et la perte d'autonomie. Comment en sortir ?
« En premier lieu il faut penser à évoquer la sarcopénie chez le sujet âgé, en particulier diabétique, souligne le Pr Yves Boirie, Clermont-Ferrand. Sa définition reste délicate, mais des critères de composition corporelle (taux de masse maigre) et de fonction musculaire, se précisent. En pratique clinique, tester la force de préhension permet d'évaluer la force musculaire et la vitesse de marche sur quatre mètres peut donner une idée de la performance musculaire ».
« Ensuite, il faut s'attacher à prévenir et limiter la sarcopénie. Cette prise en charge passe par une approche multimodale qui peut combiner exercice physique, perte de poids modérée, traitement par insulinosensibilisateur ou insuline, anabolisants et surtout apport protéiques », résume Y. Boirie
Pour rappel, un consensus d'expert recommande, chez tout sujet âgé, un apport protéique supérieur à celui de l'adulte jeune. Soit un apport moyen de 1-1,2 g/kg/j. Ces apports recommandés s'élèvent même à 1,5-2 g/kg/j en cas de pathologie aiguë ou chronique. Ceci, sauf en cas d'insuffisance rénale sévère, une filtration rénale inférieure à 30 ml/min imposant de limiter les apports protidiques (3).
Faut-il faire plus chez le diabétique? C'est pour le moment difficile à dire. La vitamine D et les acides gras polyinsaturés pourraient exercer un effet favorable, mais le bénéfice reste à démontrer. Il faut déjà privilégier l'activité physique, modérée et en résistance, et des apports protidiques en qualité et en quantité suffisantes.
D'après une intervention du Pr Yves Boirie, Clermont-Ferrand. Sarcopénie, diabète et sujet âgé
(1) Park SW. Diabetes 2006;55:1813–8
(2) Park SW. Diabetes 2009;32:1993–7
(3) Bauer J. JAMDA 2013
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