La nutrition pour favoriser la cicatrisation

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Publié le 13/03/2025
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L’alimentation joue un rôle important dans le processus de cicatrisation des plaies chroniques. L’évaluation du statut nutritionnel du patient, particulièrement s’il est âgé, et sa prise en charge en cas de dénutrition sont indispensables.

Il existe un véritable cercle vicieux escarre-dénutrition

Il existe un véritable cercle vicieux escarre-dénutrition
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Les plaies chroniques altèrent le statut nutritionnel du patient, conséquence d’une fuite protéique locale, du syndrome inflammatoire et d’un hypercatabolisme. Il existe ainsi un véritable cercle vicieux, la malnutrition protéino-énergétique entraînant un déficit immunitaire, lui-même responsable d’un retard de cicatrisation.

À tous les stades de la cicatrisation (phase inflammatoire, phase proliférative et de maturation), les besoins protéino-énergétiques sont augmentés, ainsi que les besoins en micronutriments.

Être dénutri multiplie par dix le risque d’avoir une escarre et, inversement, avoir une escarre multiplie par cinq le risque d’être dénutri. Mais, attention, l’obésité ne protège pas des escarres !

À tous les stades de la cicatrisation, les besoins protéino-énergétiques sont augmentés

Il faut donc penser à peser et à mesurer régulièrement les patients : avec une toise ou, pour les personnes âgées de plus de 60 ans ne pouvant pas se tenir debout, via la formule de Chumlea sur la distance talon-genou.

Il faut également évaluer la sarcopénie : test des cinq levers de chaise, impédancemétrie, Dexa. L’albuminémie n’est plus un critère diagnostique de dénutrition, ni de surveillance. Il s’agit uniquement d’un critère de sévérité (si ≤ 30 g/l) une fois que le diagnostic est posé.

Apports et supplémentation

Les plaies chroniques sont souvent multifactorielles et l’efficacité de la prise en charge nutritionnelle est difficile à évaluer. Toutefois, des apports énergétiques de 30-35 kcal/kg/j, protéiques de 1,2-1,5 g/kg/j et hydriques de 35-45 ml/kg/j sont conseillés en cas de plaie chronique. Les données de la littérature suggèrent que la supplémentation en arginine, zinc et antioxydants favorise la cicatrisation des escarres. Mais il n’y a pas d’argument pour apporter un acide aminé ou un micronutriment en particulier.

Communications de la Dr Pauline Courtois-Amiot (gériatre, hôpital Bichat, APHP) et d’Alexis Pichereau (diététicien)


Source : Le Quotidien du Médecin