Deux ans d’interdiction d’exercer et 18 mois de prison avec sursis avaient été requis mercredi à l’encontre d’un chirurgien strasbourgeois jugé pour « homicide involontaire » après le décès en 2008 d’un jeune cycliste espoir, Maxime Walter, alors âgé de 15 ans.
Jugé coupable d’avoir privé « de toute chance de survie » son patient, le Dr Raphaël Moog, 46 ans, a été condamné jeudi à un an de prison avec sursis, mais pourra continuer à exercer. « En ne se déplaçant pas » rapidement au chevet du patient alors qu’il était d’astreinte, puis en « persistant » dans un choix qui n’était pas le bon, celui de ne pas opérer le patient pour lui enlever la rate, le chirurgien, a commis, selon le tribunal correctionnel de Strasbourg, une « faute caractérisée ». Le tribunal a estimé que le décès « dans de douloureuses souffrances » de l’adolescent n’était « pas la conséquence de l’évolution prévisible de la pathologie initiale », mais avait « été causé de façon certaine par les manquements constatés » de la part du praticien. Le tribunal a par ailleurs observé que le spécialiste de chirurgie pédiatrique viscérale avait réalisé « plus de 600 opérations par an » et ne s’était vu reprocher « aucun autre accident grave ». En conséquence, le tribunal n’a pas retenu l’interdiction d’exercer, une décision inacceptable pour les parents.
Une sanction pas à la hauteur, selon la partie civile
« Un scandale », s’est insurgé Thierry Walter, le père de la victime. « Nous ne demandions pas qu’il aille en prison, mais ce qui était important c’était l’interdiction d’exercer », a-t-il souligné. « Pour moi il n’y a pas eu de sanction », a renchéri la mère. « Douze mois avec sursis, c’est rien ! Il va mettre ça dans sa poche et continuera à vivre normalement », a-t-elle déploré. L’un des avocats de la famille, Me Jean-Christophe Coubris, s’est dit « extrêmement déçu ». « Bien sûr qu’il est considéré comme coupable, mais la sanction n’est pas du tout à la hauteur de la gravité de ses fautes », a-t-il ajouté. La partie civile n’ayant pas la possibilité de faire appel, Me Coubris a dit mettre ses espoirs dans un éventuel appel du parquet, ainsi que dans la procédure disciplinaire qui pourrait désormais être déclenchée contre le chirurgien par l’Ordre des médecins.
Le Dr Moog a, lui, a fait part de son « soulagement » du fait qu’il pourra continuer à exercer. « Je ne pense pas avoir été ni imprudent, ni négligent, j’ai agi en fonction des éléments qu’on me donnait », a-t-il souligné.
Au dernier jour de son procès, il avait exprimé des regrets. Son défenseur, Me Bernard Alexandre, avait expliqué que cette affaire avait mis en évidence « un magistral loupé dans l’organisation de l’hôpital ». Un anesthésiste et une cardio-pédiatre, présents dans le service le jour de l’accident, avaient été aussi mis en examen, avant de bénéficier d’un non-lieu. « J’ai l’impression d’être un peu seul dans cette affaire, depuis le début », a commenté le Dr Moog.
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