Le recul actuel montre que la protection vaccinale des deux vaccins perdure au moins 10 ans, si ce n'est plus dans de larges cohortes nordiques attentivement suivies. Le taux des anticorps après avoir atteint un maximum après la troisième dose décline mais reste stable après 2 ans et ceci à un taux bien supérieur à ceux observés après infection spontanée (1).
Efficacité prolongée et extension aux hommes
Par comparaison avec le vaccin quadrivalent, le vaccin bivalent induit un taux plus élevé d'anticorps sur les deux génotypes visés, plus des anticorps qui exercent une certaine activité croisée sur les HPV à haut risque associés à HP16 et HP18 en particulier les types 3, 33, 45 et 51. Mais avec quel bénéfice ? La corrélation entre le taux d'anticorps et la protection n'est en effet pas bien connue.
Enfin, les essais menés avec le vaccin quadrivalent chez l'homme ont permis de mettre en évidence son efficacité sur les condylomes génitaux et les néoplasies intra-épitheliales à la fois du pénis et de l'anus. Ce qui a conduit à l'AMM de ce vaccin chez l'homme dans certains pays.
Couverture
La couverture reste basse dans nombre de populations. Mais une métaanalyse menée en 2015 montre l'efficacité de la vaccination en termes d'infections à HPV, de condylomes génitaux et de néoplasies cervicales intraépithéliales et dans des pays comme l'Australie où le taux de couverture vaccinale est suffisamment élevé une certaine réduction aussi chez les hommes et femmes non vaccinés (1). Inclure les hommes dans les programmes vaccinaux tend d'ailleurs à réduire la prévalence d'HPV.
Nombre d'injections
Pour favoriser la couverture vaccinale, l'OMS a reconnu en 2014 un schéma vaccinal en deux doses espacées d'au moins 6 mois (lire ci-dessus). Cette réduction du nombre d'injections pourrait réduire les coûts et favoriser une meilleure couverture. Mais une surveillance des cohortes vaccinées par deux doses reste nécessaire pour s'assurer de la pérennité de la protection.
Une dose unique pourrait même s'avérer efficace pour prévenir les infections HPV persistantes. Une étude récente plaide en ce sens. Toutefois, chez les sujets immunodéprimés, le schéma en deux doses n'est pas recommandé. D'autant que des études récentes montrent que le schéma à trois doses est immunogénique et bien toléré chez les porteurs du VIH (1).
Effet sur les autres cancers
Les travaux sur l’HPV se sont essentiellement concentrés sur les infections du col et les cancers associés. Mais on a enregistré aux États-Unis et dans d'autres pays développés une augmentation d'autres cancers liés à HPV notamment oropharyngés et anaux en particulier chez les jeunes et les hommes. Or la vaccination prévient l'infection persistante et les lésions précancéreuses dans d'autres tissus que le col utérin. C'est pourquoi on examine aujourd'hui l'intérêt potentiel de la vaccination sur ces cancers. Selon certains modèles, la prévention de ces cancers pourrait représenter 30 à 40 % du bénéfice en population de la vaccination. Affaire à suivre.
(1) JL Brotherton et al. Eurogin Roadmap 2015: How has HPV knowledge changed our practice: Vaccines. Int J Cancer 2016; 139:510-517
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