La légitimité de l’utilisation des cannabinoïdes provient de plusieurs sources : des études cliniques très encourageantes dans divers modèles de douleurs animales, l’expérience des patients qui fument du cannabis pour vaincre la douleur et/ou la spasticité, les études cliniques de plus en plus favorables et la vacance laissée dans le domaine des douleurs neuropathiques qui sont insuffisamment soulagées chez les deux tiers des patients.
En outre, peu de molécules possèdent autant de propriétés puisque le cannabinoïdes interviennent dans la régulation de nombreux systèmes : métaboliques, vasculaires et neurologiques.
Quatre indications des cannabinoïdes sont reconnues dans de nombreux pays : la lutte contre l’anorexie chez les patients sidéens, les nausées et vomissements au cours des chimiothérapies, la spasticité dans la sclérose en plaques (SEP) et la douleur neuropathique. Deux revues systématiques de la littérature mentionnant l’usage des cannabinoïdes dans les douleurs cancéreuses et non cancéreuses attestent leur intérêt dans ce contexte. La première (1) a colligé 20 études qui concernaient des domaines variés de la douleur (douleurs cancéreuses, douleurs chroniques non cancéreuses, douleurs post-opératoires). "Les conclusions des auteurs ne vont pas dans le sens d’un usage intéressant du cannabis dans la douleur puisque les cannabinoïdes ne font pas mieux que la codéine. Néanmoins, il faut souligner la courte durée de ces études, le faible nombre de patients et l’usage unique du dérivé synthétique du THC, souligne le Dr Pascale Picard. Les auteurs ne concluaient pas non plus à l’absence de preuve d’efficacité". Dix ans plus tard, un autre travail a porté sur 18 études (2) de durée plus longue avec un nombre de patients plus conséquent. La plupart de ces études concernait les douleurs neuropathiques et 15 d’entre elles révélaient un effet analgésique significatif par rapport au placebo mais néanmoins modeste, avec des effets secondaires le plus souvent anodins et limités. Les auteurs concluaient qu’il y a une place pour les cannabinoïdes dans les traitements de la douleur chronique et en particulier dans la douleur neuropathique. Des études plus récentes se sont intéressées à la douleur mais aussi à la qualité de vie et au sommeil. À noter que le cannabis médical présente peu d’intérêt pour le marché parallèle car son délai d’action est plus long son pouvoir euphorisant peu élevé et son prix rédhibitoire prix par rapport à celui du cannabis fumé.
Dans la SEP, les études se sont surtout intéressées à évaluer les cannabinoïdes dans la spasticité, dans la douleur neuropathique centrale avec de résultats plutôt positifs.
D’après la communication du Dr Pascale Picard, CHU de Clermont-Ferrand
(1) Campbell et al. BMJ 2 001; 323(7 303): 13-6
(2) Lynch et al. BJCP, 2011 ; 72 (5) : 735-44
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