Une prise en charge pas toujours systématique

Le tabac, parent pauvre de l’addictologie

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Publié le 16/11/2017
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consultation tabac

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Crédit photo : Phanie

En France, la tabacologie a été séparée de l’offre de soins pour l’usage d’alcool et de drogues depuis les années 1980, puis réintégrée dans le cadre des soins addictologiques à partir de 2000. Pour mieux connaître la place de la tabacologie au sein des structures d'addictologie, une enquête en ligne a été menée auprès de 1 300 structures d'addictologie par la Société francophone de tabacologie (SFT).

L’autoquestionnaire en ligne a été élaboré à partir d'expériences étrangères (1,2,3) afin de décrire la prise en charge du sevrage. Le lien URL a été adressé par le secrétariat administratif de la SFT aux responsables des structures d’addictologie par mail en juillet, septembre et octobre 2017 et mis à disposition sur les sites suivants : SFT, Fédération française d'addictologie et Village des addictions.

Le taux de réponse a été de 16,4 %, avec 213 questionnaires analysés. Les répondants étaient à 31 % des centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), 27 % des équipes de liaison et de soins en addictologie (ELSA), 15 % des services d’hospitalisation en addictologie, 10 % de consultations hospitalières et 7 % des soins de suite et de réadaptations (SSR) addictologiques.

Concernant la prise en charge du tabagisme, plus d'un tiers (35 %) n’en proposait pas systématiquement. En revanche, 67 % des structures proposaient des consultations dédiées de tabacologie, avec cependant une hétérogénéité des outils d’évaluation du comportement tabagique et d’aide au sevrage utilisés.

En termes de prévention, 15 % des structures n’organisaient aucune manifestation dans l’année sur le thème du tabac.

Quant à la formation des équipes, elle concernait plus de la moitié du staff dans 31 % des cas ; pour un quart, moins de 10 % du staff était formé. Un quart des répondants estimaient que leur offre en tabacologie n’était « pas vraiment suffisante », quand 65 % pensaient que « oui, mais avec des marges d’amélioration ». Dans les points à améliorer, on retrouvait : la formation des professionnels (60 %), les ressources humaines et matérielles (49 %), une offre de soins dédiée (46 %), la dispensation gratuite de traitement de substitution nicotinique (37 %).

En comparant les réponses selon le niveau de formation du staff, l'offre d'outils d’aide au sevrage tabagique était significativement moins étoffée lorsque les équipes comptaient moins de personnels formés.

(*) Pôle addictions, groupe hospitalier Paul Guiraud (Villejuif)
(**) Centre ambulatoire d’addictologie, hôpital européen Georges Pompidou (Paris)
(1) Knudsen HK, Studts JL, Boyd S and Roman PM. Structural and cultural barriers to the adoption of smoking cessation services in addiction treatment organizations. J Addict Dis. 2010 July;29(3):294–305
(2) Skelton E, Tzelepis F, Shakeshaft A, et al. Addressing tobacco in Australian alcohol and other drug treatment settings: a cross-sectional survey of staff attitudes and perceived barriers. Subst Abuse Treat Prev Policy. 2017;12:20
(3) Chun J, Guydish J, Chan Y-F. Smoking Among Adolescents in Substance Abuse Treatment: A Study of Programs, Policy, and Prevalence. J Psychoactive Drugs. 2007;39(4):443-9

Dr Alice Deschenau (*) et Anne-laurence Le Faou (**)

Source : Le Quotidien du médecin: 9619