Le monoxyde de carbone (CO) est l’un des produits contenus dans la fumée de tabac, à côté de très nombreuses molécules cancérigènes et irritantes. « Issu d’une combustion incomplète, il se lie à l’hémoglobine, dont l’affinité pour le CO est 200 fois supérieure à celle pour l’oxygène », rappelle la Dr Anne-Laurence Le Faou, présidente de la Société francophone de tabacologie. De ce fait, l’inhalation de CO réduit la quantité d’oxygène disponible dans tous les tissus de l’organisme, avec des conséquences délétères – surtout cardiovasculaires – liées à un effet spastique et une action sur la paroi endothéliale.
Un outil pédagogique
La mesure du CO expiré (gaz présent dans la fumée de tabac mais pas dans la vapeur des cigarettes électroniques) permet en effet de faire prendre conscience au fumeur de la présence de ce gaz dans son organisme, mais aussi de sa façon d’inhaler. Des études ont par exemple montré que certaines femmes enceintes réduisent effectivement leur consommation de cigarettes, mais qu’elles inhalent plus fortement afin d’avoir leur dose de nicotine habituelle au niveau cérébral.
Un travail présenté lors de ce congrès souligne bien ce phénomène sur une population de fumeurs venant en consultation d’aide au sevrage : le plus souvent de gros fumeurs, avec déjà des complications cardiovasculaires ou respiratoires malgré un âge moyen. « En comparant les périodes 2001-2003 et 2004-2006, marquée par une nette augmentation du prix des cigarettes, on a observé une baisse significative du nombre de cigarettes fumées par jour, rapporte la Dr Le Faou. Mais le CO par cigarette a parallèlement significativement augmenté, témoignant du fait que les consultants fumaient moins pour la quantité quotidienne mais tiraient plus sur leur cigarette. Fumer moins ne réduit donc pas les risques pour la santé. L’arrêt complet de la consommation de tabac est indispensable. »
Adapter les doses de substituts
La mesure du CO expiré est aussi un indicateur utile pour les professionnels de santé, car elle permet de mieux adapter la dose de traitement pharmacologique d’aide au sevrage (lire p. 15). Elle peut être réalisée facilement en consultation et accompagne le discours du médecin. La demi-vie d’élimination du CO est de 8 heures, un fumeur quotidien a donc du CO dans son organisme en permanence. La mesure, rapide et facile, est généralement bien acceptée. Un appareil de mesure coûte quelques centaines d’euros, auquel il faut rajouter le prix modeste des consommables.
Entretien avec la Dr Anne-Laurence Le Faou, centre ambulatoire d’addictologie, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris
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