Lors de son entretien avec l'équipe de l'émission « C à vous », mercredi 20 janvier, Emmanuel Macron a remis sur le tapis une de ses marottes : supprimer la tarification à l'acte en ville et à l'activité à l'hôpital ou, du moins, en diminuer la part au profit de paiement aux forfaits.
« Nous sommes un pays où on consomme trop de médicaments et où on consomme trop de soins, c'est vrai. Notre faiblesse, c'est qu'on ne prévient pas assez. Quand il y a trop de consommation de soins, il faut réguler intelligemment. Il faut responsabiliser, faire plus de prévention, travailler avec les professionnels du soin », a avancé le chef de l'État.
Pour mieux organiser les « soins et la rémunération des soins », Emmanuel Macron a indiqué qu'il faudrait penser « peut-être, et même sûrement, à l'hôpital comme en ville, à moins rémunérer à l'acte et à plus rémunérer aux objectifs de santé publique ». « C'est ce que je veux qu'on fasse », a-t-il assuré.
« Il faut dire aux professionnels de santé : vous êtes trop payés à l'acte, ce qui parfois vous incite à faire des actes inutiles, ce n'est pas une bonne méthode », a-t-il insisté.
Et de continuer : « On doit vous valoriser [...] mais si on veut le faire intelligemment, il faut qu'on prenne en compte la nature des patients, qu'on valorise les actes de prévention, la technicité des actes [...] et le suivi d'une personne. Il faut sans doute aller davantage vers une rémunération à la capitation, c’est-à-dire aux personnes que vous suivez plutôt qu'à l'acte isolé. C'est ça la bonne méthode. »
Réformer tous azimuts
Interrogée ce jeudi par Le Quotidien, la Dr Sophie Bauer s'agace du manque de constance entre la pensée macronienne et la position de l'Assurance-maladie, et ce d'autant plus en pleines négociations conventionnelles : « D'un côté, nous avons un président qui veut augmenter la part des forfaits au motif que la logique du paiement à l'acte nous encourage à faire plus d'actes, et de l'autre, nous avons la Cnam qui nous dit que nous ne faisons pas assez d'actes pour prendre en charge l'ensemble de la population ! » Avec malice, la présidente du SML a demandé au directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme, d'envoyer ses chiffres à l'Élysée.
Dans ses vœux aux soignants, le 6 janvier 2023, le président de la République avait longuement détaillé son envie de réformer tous azimuts les tarifs. « On doit sortir de la tarification à l'activité dès le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, pour aller vers un nouveau financement qu'on doit rebâtir sur la base d'un travail en profondeur et d'une concertation qui repose sur une rémunération basée sur des objectifs de santé publique », avait-il alors promis.
Avant de préciser sa pensée : « Pour l'hôpital public, les établissements privés, les professionnels de santé dans le libéral, il faut qu'il y ait une part structurante de la rémunération qui repose sur des objectifs de santé publique qu’on négocie à l'échelle d'un territoire. Comment on prend en charge la population qui nous est donnée ? Ça crée plus de coopération et c'est la réalité de ce que vivent les territoires. »
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