Trente-deux pour cent, ce n'est pas encore un triomphe. Ce qui est sans précédent en revanche, c'est qu'un président de la Ve République parvenu au point le plus bas de sa cote de popularité puisse lentement remonter. Pour pouvoir se présenter à un second mandat, il lui faudra améliorer son score. Mais il a encore deux bonnes années devant lui pour y parvenir. Bien entendu, le réalisme nous commande d'éviter tout pronostic. L'expérience nous a prouvé que, avec cet exécutif, les écueils rencontrés sur le parcours sont infiniment plus nombreux que les raisons de se réjouir. Pourquoi, face à une crise d'une telle ampleur, Macron résiste-t-il encore ?
Les Français aux gilets jaunes : arrêtez
Il faut d'abord admettre qu'il a su jouer sur le temps et que, en lançant un grand débat national, il a offert un exutoire au mécontentement populaire. Si les gilets jaunes trouvent leur bonheur ultime dans l'expression de leur haine pour le président et pour la République, il n'en va pas de même pour d'autres catégories de citoyens, alarmés par la durée de la crise, par les actes de violence et par l'irréductibilité des manifestants. Du coup, la majorité en faveur du mouvement s'est transformée en majorité pour l'arrêt du mouvement. Cinquante-cinq pour cent des Français, selon les sondages, veulent qu'il cesse. Les manifestants peuvent toujours dire qu'ils sont chaque samedi aussi nombreux qu'en novembre et décembre dernier (ce qui n'est pas sûr), ils ne bénéficient plus de l'indulgence de leurs compatriotes qui réclament un retour au calme.
L'autre aspect de la crise, c'est que les gilets jaunes n'ont jamais été considérés comme une alternative crédible à l'ordre établi. Ils se sont employés farouchement à confirmer une chose évidente, à savoir qu'ils manifestent pour la beauté de la manifestation, et non pas parce qu'ils auraient un programme. Ils se sont même livrés à des pressions, par des grossièretés et des menaces physiques, sur ceux d'entre eux qui souhaitaient jouer le jeu démocratique et présenter une liste aux élections européennes. Si une telle liste voyait le jour, elle n'influerait pas sur le résultat du scrutin. La partie, selon la moyenne des sondages nombreux qui ont été publiés, se jouera entre la REM et le Rassemblement national. Dans les enquêtes les plus récentes, la REM arrive toujours en tête et a sur le RN une avance de deux à six points.
Ce qui signifie deux choses : la perte totale d'influence de la droite, de la gauche et même de l'extrême gauche ; et une dynamique de l'extrême droite, associée à une vague néfaste d'antisémitisme, qui effraie une majorité d'électeurs, de sorte que la République en marche apparaît comme le seul rempart contre un succès de Marine Le Pen. Si la REM peut compter sur le soutien du MoDem, d'un certain nombre de centristes et d'anciens LR (les Républicains) ralliés à la macronie, les possibilités d'alliances ne s'étendent pas à l'opposition. Le RN allié à Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, triompherait aisément de M. Macron. Il se trouve que M. Dupont-Aignan, avec son flair habituel, estime qu'il a une meilleure carte à jouer pour la présidentielle. En attendant, il assure à lui seul la victoire probable de la REM aux européennes. Une occasion que le président de la République doit s'empresser de saisir avec le projet de renforcer son propre parti dans la perspective d'un second mandat.
Dans deux ans, il est peu probable que les gilets jaunes auront encore le pouvoir de l'importuner. Quoi qu'il en soit, Emmanuel Macron vient de prouver, sans que les médias en disent un seul mot, qu'il reste le candidat numéro un des démocrates, qu'il incarne la résistance à une dérive qui nous conduit tout droit au totalitarisme et que, choisi une fois pour changer les choses, il a au moins une chance d'être choisi une seconde fois pour qu'elles ne changent pas exagérément.
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