Décloisonnement, recertification, simplification...

L'Ordre présente sa réforme et demande aux médecins de se prononcer

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Publié le 07/02/2017
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Crédit photo : GARO/PHANIE

C'est l'aboutissement d'une année d'échanges avec les acteurs de la santé des différents territoires français. L'Ordre a dévoilé mardi un livret contenant 10 propositions pour réformer la santé, des éléments pour la plupart issus de la Grande consultation de janvier 2016. Intitulé "Construire l'avenir à partir des territoires", ce document souhaite répondre à trois grandes priorités : "Simplifier l'organisation territoriale des soins avec une gouvernance partagée", "Alléger et décloisonner l'exercice professionnel des médecins" et "Ouvrir et professionnaliser la formation des médecins". Des pistes qui pourraient, espère le président du Cnom, inspirer les candidats à la présidentielle : "Les acteurs politiques en ont fait une priorité de la campagne mais n'ont pas pris la mesure de l'urgence. Notre système de santé n'est plus le meilleur du monde", constate en effet Patrick Bouet.

Structurer le parcours ville-hôpital

Une des mesures phares de la réforme du Cnom est l'articulation du système de santé au niveau local, autour d'un nouvel échelon de coordination des soins : les Bassins de proximité santé (BPS) d'un périmetre variable, de l'ordre de plusieurs départements, par exemple. Le comité opérationnel de chaque BPS serait placé sous la responsabilité des élus locaux des communautés de communes et regrouperait les représentants des professionnels de santé et des usagers. Le rôle des BPS serait d'analyser les besoins du territoire, les éventuels dysfonctionnements, participer à la prise de décision sur les projets locaux… Ces bassins seront regroupés autour d'une structure hospitalière et d'un service d'urgences. Une "démocratie sanitaire" qui ne se cantonnerait pas uniquement au niveau régional des ARS.

Autre point central parmi les propositions du Cnom, redonner d'avantage de place au temps médical, chasser "l'hyperadministration", et assurer la promotion de l'exercice regroupé. Comment ? En déployant le haut-débit sur l'ensemble du territoire, en développant la télémédecine, en mutualisant les moyens administratifs ou encore en s'aidant de services de télé-secrétariat ou de plateformes dédiées, via des financements conventionnels.

Toujours concernant l'exercice, le Cnom pointe du doigt la difficile évolution de carrière dans la profession. L'Ordre prône un mode de rémunération différencié et un système social protecteur pour tous : préservation des droits sociaux lors d'un changement d'exercice, diversification des modes de rémunération, notamment en prenant mieux compte les missions de service public, reconnaissance des acquis de l'expérience dans la rémunération…

La recertification toujours

Sur la formation, le Cnom souhaite toujours instaurer une recertification tous les six ans, réalisée par les pairs de son territoire et chapotée par l'Ordre. Un dispositif qui, en contrepartie, pourrait valoir progression de carrière pour le médecin qui s'y soumet, sous forme, par exemple de revalorisations d'honoraires. Et, de manière plus globale, Patrick Bouet assure : "Nous apporterons de vraies réponses que si nous proposons une vraie réforme de la formation".

Un volet entier de la réforme du Cnom y est d'ailleurs consacré. Décentralisation là aussi au programme. Le Cnom propose une régionalisation du numerus clausus, à partir de la capacité de formation des universités, et d'intégrer au PACES des critères de motivation ou d'empathie, en plus des connaissances théoriques. Des stages interprofessionnels dès la deuxième année seraient également organisés afin d'avoir une meilleure connaissance des autres professions de santé. Il est question aussi de régionaliser les ECN en 5 grandes inter-régions, et de renforcer la professionnalisation du deuxième cycle, jusqu'à l'internat. L'Ordre pointe en effet un manque de stages en dehors des CHU, et propose que ceux-ci soient plus variés, dans les centres hospitaliers de territoire, à l'hôpital, dans des services et cabinets agréés…

Avec toutes ces propositions, l'Ordre a démontré à quel point il était nécessaire de faire bouger les lignes. Et il compte bien demander leur avis aux médecins sur le terrain afin qu'ils participent à ce projet de réforme. Ils seront bientôt sollicités pour choisir les questions qui leur semblent les plus pertinentes parmi une liste de 30 propositions sur lagrandeconsultation.medecin.fr. Les cinq questions plébiscitées seront ensuite soumises aux candidats à la présidentielle. 

Camille Roux

Source : lequotidiendumedecin.fr