Campagne de vaccination anti-HPV, dépistage du cancer du poumon, administration précoce des thérapies innovantes à haute efficacité contre la sclérose en plaques (SEP), capteurs de glucose en continu, zones à faibles émissions (ZFE), programme sur l’obésité infantile « Vivons en forme » : ce sont les six innovations passées à la moulinette économique d’Asterès.
Dans une étude fouillée dévoilée début avril lors d’un café Nile, le cabinet de conseil s’est intéressé aux économies générées par ces six actions thérapeutiques, programmes de recherche et solutions numériques en santé qui méritent un investissement massif des pouvoirs publics. Résultat : leur déploiement complet pourrait générer jusqu’à 800 millions d’euros net par an de bénéfices pour la société – après déduction du coût net de 120 millions –, quelque 12 000 vies sauvées et 130 000 cas de pathologies graves et chroniques évités ou atténués. « En termes économiques, explique Asterès, la dépense peut être vue comme un investissement collectif, ayant un multiplicateur élevé, puisqu’un euro investi par l’Assurance-maladie et les complémentaires dans le déploiement de ces innovations créerait en retour pour la société 6,70 euros de gains monétaires tangibles. »
Évaluation par le ROI
Pour parvenir à ces résultats, Asterès s’est fondé sur une revue de la littérature et des données publiques sur l’année 2021. Objectif : estimer le niveau actuel et la cible de déploiement, les effets de santé (cas, aggravations de la maladie et décès évités) pour ces six innovations « volontairement prometteuses » et financées en majorité par l’Assurance-maladie. Pour chacune, le cabinet a appliqué un outil d’évaluation de retour sur investissement (ROI) à trois niveaux : le coût médical évité ou amoindri en termes de dépenses pour l’Assurance-maladie et les complémentaires santé ; le coût socio-économique (perte de productivité pour cause d’arrêt maladie, décès précoces) ; et les coûts publics du handicap. Une fois ces données extraites, les experts ont projeté les résultats à l’échelle nationale pour chaque population cible.
Dans le détail et en imaginant que l’État soutient une politique de déploiement jusqu’au-boutiste, l’adoption des capteurs de glucose en continu par tous les patients diabétiques (72 % en 2021) dégagerait 377 millions d’euros par an quand une extension large de la couverture vaccinale contre le HPV (de 41 % à 90 %) créerait 310 millions de valeur annuelle. La généralisation de l’administration précoce des thérapies à haute efficacité aux 100 000 malades de la SEP engendrerait un gain net de 43 millions par an, la mise en place de ZFE pour améliorer la qualité de l’air procurerait 36 millions, le déploiement du dépistage du cancer du poumon (de 0 % à 80 %) jusqu’à 25 millions et le programme sur l’obésité infantile 20 millions.
Au global, conclut Asterès, l’investissement pour l’Assurance-Maladie et les complémentaires santé est estimé à 1,7 milliard d’euros pour un retour de 2,5 milliards d’euros, répartis entre 1,6 milliard pour les deux payeurs et 900 millions pour les pouvoirs publics, les associations et les entreprises.
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