C’est sur Zoom que les deux syndicats MG France et le SML ont chacun tenu aujourd’hui leur conférence de rentrée. Leur point commun ? Les thèmes abordés : Dipa, avenant 9, PLFSS 2022, présidentielle, violences contre les médecins…
Au côté de son secrétaire général Dr Jean-Louis Bensoussan, le président de MG France Dr Jacques Battistoni a insisté en préambule de son intervention sur la nécessité de « continuer à vacciner, notamment les personnes les plus vulnérables ». Ainsi, s’il se réjouit de l’utilisation du vaccin Pfizer en cabinet, le praticien s’interroge : « pourquoi arrive-t-il aussi tard, alors que nous le demandons depuis le début de la vaccination ? » Autre sujet de réjouissance : le taux de vaccination chez les généralistes, à hauteur de 96 %, un « score remarquable, méritant un coup de projecteur », a-t-il commenté, souriant. Pour les récalcitrants qui ne se feront pas vacciner, leur nom pourra être communiqué à l’ARS local, laquelle pourra les déclarer hors convention, a-t-il expliqué, martelant : « ne pas être vacciné, c’est inacceptable. Cela met en danger ses patients ». Pour ce qui est du cabinet médical, les secrétaires non-vaccinés ne seront plus à mettre en relation avec le public, a-t-il précisé.
Un avenant 9 qui divise toujours
À chaque conférence, les deux syndicats sont revenus sur la signature de l'avenant 9, réaffirmant leurs divergences. L’arrivée de l’Espace numérique de santé (ENS) permettant « des échanges sécurisés avec les patients » enthousiasme le président de MG France, qui croit à la technologie, la voyant comme « un progrès en termes d’accès aux soins », s’appuyant sur l’exemple de la téléexpertise « sous forme d’entretien confraternel entre le médecin traitant et correspondant ».
Seul face aux journalistes, Dr Philippe Vermesch, président du SML, a d’abord regretté lors de sa conférence la signature de l’avenant 9, fustigeant « le gouvernement qui ne tient pas sa parole de changer le système de santé », accusant la CSMF et MG France d’être « complices ». Cette signature est une « occasion manquée », en somme, pour le stomatologue, qui regrette l’absence de revalorisation des actes, estimant à hauteur de « 2 milliards d’euros » l’effort financier pour rendre plus attractive la profession – l’objectif du PLFSS à venir puis de la présidentielle d'après lui.
Les yeux rivés sur la présidentielle
Selon Dr Jacques Battistoni, 2022 est une double campagne, à la fois pour la présidence de la République, mais aussi pour les territoires, avec les législatives dans la foulée. Ainsi, « la thématique de l’accès aux soins sera au centre des préoccupations » prédit le médecin, qui a rappelé « le maillage territorial insuffisant, notamment en médecine générale », affichant un objectif clair : « chaque Français doit avoir un médecin traitant. »
Le président de MG France a également rappelé le rôle important du syndicat lors du PLFSS, « un moment important de la vie politique et syndicale, où tous les ans nous présentons des amendements ». Comme objectifs cette année : « rapprocher les conditions de travail du médecin généraliste libéral de celui du salarié », tout en demandant « un moratoire sur la délégation des taches ». Agacé, Dr Battistoni a exhorté les preneurs de décision : « de grâce cessez de nous imposer des choses sans concertation ! » Un amendement offrant la possibilité pour les généralistes d’avoir des vaccins dans leur réfrigérateur sera proposé de manière à « avoir un stock de dix à vingt vaccins contre la grippe et être plus efficace en termes de santé publique ». Autre sujet sur la table pour le PLFSS : le samedi matin ; moment de la semaine où « les gens se reposent », mais où la continuité des soins n’est assurée qu’à partir de midi. MG France souhaite que chaque jour, de 8 heures à 20 heures, un médecin de garde soit présent partout sur le territoire.
Une actualité riche en ce début d’année
Le Dipa a bien sûr été discuté par le président du SML, lequel y a vu un « symbole du manque de considération » de la Cnam. Les réclamations des trop-perçus sont ainsi « malvenues » selon Dr Vermesch : il appelle ainsi aux « 30 % de médecins concernés » à demander un décompte précis et à contester ces décisions. « Les médecins ne comprennent pas ce qu’il s’est passé », raconte de son côté Dr Battistoni, détaillant que « 15 000 médecins sur 35 000 sont concernés par le remboursement d’une partie du Dipa, ce qui représente 3 millions d’euros ». Chez MG France, un accompagnement individuel aux syndiqués est proposé.
Un rapprochement idéologique avec la FMF est à noter, a précisé Dr Vermesch, en plus de la nouvelle appartenance aux « Libéraux de santé » réunissant onze syndicats issus du CNPS et de la FFPS. « Pas de recomposition syndicale » a balayé d’un revers de la main Dr Battistoni, goguenard face à la question d’un journaliste. Quant à l’alliance annoncée entre le SML et l’UFML-S, « Dr Jérôme Marty s’est emballé. Il est sur les menaces de mort des médecins en ce moment, c’est compliqué de parler avec lui », a confié Dr Vermesch. Sur l’agressivité croissante des patients, MG France a dénoncé « les menaces de mort » et cette « méthode totalitaire », révélatrice d’un « mode de fonctionnement de société que nous refusons avec la plus grande fermeté », s’est ému Dr Jacques Battistoni.
Les deux syndicats prévoient un événement avant la fin de l'année. Pour le SML, du 1er au 3 octobre à Nice. Quant à MG France, un colloque est prévu le 3 décembre prochain au sujet de l’accès aux soins territorialisé ; une façon, déjà, de se positionner pour 2022 – surtout quand on apprend que l’événement sera hébergé… au ministère de la Santé.
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