Le Syndicat des médecins libéraux (SML) présentait ce mercredi les résultats d'une enquête qu'il a lancé dans le cadre du Grand débat national. 1 800 médecins libéraux*, dont la moitié de généralistes, y ont répondu et les réformes actuelles ne semblent pas correspondre aux attentes des praticiens.
La création des assistants médicaux ainsi que le déploiement des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) sont particulièrement décriées par les sondés. Les médecins dénoncent une charge de travail de plus en plus lourde en raison de l'accroissement des charges administratives (84 % affirment y passer une demi-journée à une journée par semaine) mais ne plébiscitent pas pour autant l'embauche d'un assistant médical. Deux tiers des médecins jugent peu utile cette embauche et 61 % affirment qu'ils ne se saisiront pas de cette mesure.
Défense du paiement à l'acte
La création de CPTS n'enchante pas plus les professionnels. Si 70 % ont déjà entendu parler de cette forme de coordination, la même proportion (73 %) ne souhaite pas pour autant rejoindre ces structures. La majorité (60 %) se disent prêts à exercer dans un cabinet pluridisciplinaire mais seulement la moitié l'envisage dans une CPTS. Le point de blocage se trouve principalement dans la rémunération. Hors de question que les professionnels soient rémunérés par les CPTS pour les trois quarts des interrogés. 95 % des médecins estiment par ailleurs que la CPTS ne doit pas conditionner leur rémunération.
Les adhérents du SML sont en effet vigoureusement opposés à la rémunération au forfait sous toutes ses formes et défendent le paiement à l'acte à 93 %. Seuls 23 % sont ouverts à une part de revenu forfaitaire et l'étude montre un fort rejet pour les forfaits dits « à l'épisode de soins » (95 % pensent que c'est une mauvaise idée) et la rémunération à la qualité (78 %), pourtant chevaux de bataille de la ministre.
Peur d'une « étatisation »
Concernant la réforme du système de santé lancée par Agnès Buzyn, là encore les mesures ne sont pas bien accueillies par les répondants. Neuf médecins sur dix voient la politique gouvernementale comme un pas de plus vers « l'étatisation de la médecine » et l'exercice salarié. Parmi les mesures phares de la réforme Buzyn, seule la suppression du numerus clausus fait à peu près consensus (52 % y sont favorables). La vaccination par les pharmaciens et le transfert de certaines tâches à d'autres professionnels font encore moins l'unanimité (67 % y sont opposés).
Le gouvernement et les médecins du SML sont au moins d'accord sur la défense de la liberté d'installation puisque 64 % des sondés ne sont pas favorables à des mesures coercitives. A contrario 36 % se disent plutôt favorables voire très favorables à une régulation des installations. Près de la moitié des répondants (48 %) se disent toutefois ouverts à une limitation à 3 ans de la durée pendant laquelle il est possible d'exercer comme remplaçant.
Une réforme loin des attentes
Défense du paiement à l'acte, refus de subventions de l'assurance maladie pour se coordonner, rejet de certaines mesures du plan Ma santé 2022… Cette étude montre que les attentes des médecins libéraux ayant répondu au questionnaire du SML sont très éloignées, voire à l'opposé de la politique menée par le gouvernement. Ce dernier, qui mise sur les assistants pour retrouver du temps médical et sur les CPTS pour aider les professionnels à se coordonner, se heurte ici aux convictions libérales des praticiens.
Au vu des résultats de cette enquête, difficile d'envisager une signature du SML concernant l'avenant 7 sur les assistants médicaux et l'accord-cadre interprofessionnel (ACI) pour le financement des CPTS. Les négociations sont encore en cours à l'Assurance maladie mais le président Philippe Vermesch, assure qu'en l'état actuel, « le SML ne signera pas » ces « usines à gaz ». Le stomatologue de Saint-Raphaël va désormais adresser les résultats de son enquête à Agnès Buzyn, au directeur de la CNAM Nicolas Revel et au rapporteur de la loi santé le député de Charente Thomas Mesnier (LREM).
*1 800 médecins ont répondu à l'enquête du SML dont 57 % d'hommes et 43 % de femmes. 72 % exercent en secteur 1, la moitié en solo, l'autre moitié en cabinet de groupe ou pluripro. L'âge des participants est le suivant : moins de 35 ans (1,20 %) ; 35-44 ans (5,89 %) ; 45-54 ans (26,67 %) ; 55-64 ans (38,56 %) ; plus de 65 ans (27,67 %).
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