À l'occasion de la première réunion du comité de pilotage du plan pour l'Accès aux soins du gouvernement, 25 organisations syndicales de professionnels de santé* ont signé avec l'État une charte dans laquelle ils s'engagent à mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour améliorer l'accès aux soins dans les territoires.
Les organisations signataires dont les médecins libéraux (SML, MG France, FMF et CSMF) décident ainsi d'être force de propositions pour l'organisation des soins de proximité et l'intégration de tous les professionnels de santé au « maillage territorial de l'offre de soins ». La charte préserve la « liberté d'installation et l'indépendance des professionnels de santé », mais prévoit qu'en contrepartie ils s'engagent à assurer la continuité et la coordination des soins « aux patients qui en ont besoin » (sans préciser lesquels). Il y a urgence à agir, a rappelé la ministre de la Santé ce mardi dans un entretien dans nos colonnes. « Des bassins de vie entiers n'ont plus accès à des médecins. [...] Les médecins ne peuvent pas rester insensibles aux difficultés d'accès aux soins », a-t-elle déclaré.
Coordination et nouveaux usages
L'exercice regroupé et coordonné sera encouragé « sous toutes ses formes », ainsi que la coopération ville-hôpital. La charte prévoit de renforcer la présence médicale et soignante avec des « consultations avancées, exercices mixtes, médecins adjoints… » et une organisation pour répondre aux soins non programmés, avec l'usage de la télémédecine, du DMP et de la messagerie sécurisée.
Le texte d'une dizaine de pages vise également à faciliter l'accueil des nouveaux professionnels et l'attractivité des territoires comme l'accès aux transports ou au haut débit. Pour favoriser les installations, il est de nouveau question de mettre en place dans chaque région des guichets uniques à l'installation et de développer les stages au cabinet des étudiants et internes.
Un signe de bonne volonté
Si les représentants de médecins libéraux ont tous signé cette charte symbolique, ils ne restent pas moins dans l'expectative. « Nous avons décidé à la FMF, après une longue discussion, de signer la charte même si elle n'est pas parfaite, car nous voulons faciliter l'accès aux soins, explique le président Dr Jean-Paul Hamon. Nous envoyons un signe de bonne volonté mais pas un signe d'allégeance ! ». Le SML regrette de son côté « la rédaction finale de la charte », qui ne lève pas, selon le président Dr Philippe Vermesch, « l'ambiguïté concernant la place des médecins libéraux dans le dispositif ». Il craint notamment que les mesures de soutien à l'exercice coordonné ne bénéficient qu'aux MSP.
Chez MG France, le président, le Dr Jacques Battistoni, salue l'initiative. « Difficile de ne pas être d'accord avec cette charte », constate-t-il. Selon lui, le Plan doit encore faire ses preuves. « Lors de ce premier comité de pilotage, on a fait le point sur ce qui existe déjà. Le plus important reste à venir, lorsqu'on aura regardé ce qui se fait partout dans les territoires ». Le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, a pour sa part salué que la ministre « se batte pour la liberté d'installation ». « Le mérite de ce plan et de cette charte est qu'ils ont mis autour de la table soixante personnes. Des professionnels, mais aussi des élus, des institutionnels… ».
Moyens insuffisants
Il reste encore la question des moyens. Agnès Buzyn n'a pas annoncé d'enveloppe globale pour ce plan qui contient toute une série de mesures, pour la plupart prévues au PLFSS 2018. Dix millions d'euros ont été débloqués par le gouvernement Macron pour les Agences régionales de santé (ARS) au titre du Fonds d'investissement régional (FIR) afin d'encourager des expérimentations et des initiatives émanant des territoires.
Ce n'est pas suffisant pour le patron de la FMF : « Maintenant, il faut sortir de l'affichage, passer rapidement à l'action et investir pour améliorer la couverture sociale des jeunes installés, valoriser la maîtrise de stage, bref, faire en sorte qu'un maximum de médecins s'installent ! », martèle-t-il. Le Dr Philippe Marissal, président de la Fédération de soins primaires, appelle aussi le gouvernement à aller plus loin : « Les discours et déclarations d'intention ne suffiront pas en regard des enjeux et des ambitions affichées. »
Les syndicats de médecins libéraux seniors et de jeunes (étudiants, internes) avaient déjà publié un communiqué commun vendredi dans lequel ils s'engageaient à « répondre au moins à la demande de soins » sur l'ensemble du territoire.
* Syndicats de dentistes, infirmiers, pharmaciens, kinés, orthophonistes, podologues, orthoptistes, biologistes, médecins de centres de santé, médecins libéraux, Fédérations française des maisons et pôles de santé, fédération de soins primaires et fédération des CPTS, syndicats de jeunes et d'internes en médecine.
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