Dans un rapport interne, destiné au ministère de l’Intérieur et révélé dimanche par Le Parisien, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), dresse un constat cinglant de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement, accusé d’en avoir confié le pilotage au seul ministère de la Santé. Pour la Fédération, qui chapeaute les 247 000 pompiers du pays, l’épidémie aurait dû être l’occasion de mobiliser au mieux toutes les administrations et services de secours.
Dans cette crise, on a confié à l’administration de la Santé « le rôle de commandant de crise, alors que rien dans son organisation et sa culture ne le prédisposait à assurer efficacement ce rôle », dénonce la FNSPF. Ce document « n'est pas finalisé et ne devait pas fuiter dans la presse », a précisé auprès de l'AFP Hugues Deregnaucourt, vice-président de la FNSPF, tout en assumant ces critiques cinglantes vis-à-vis du ministère de la Santé et de ses ARS.
Les ARS « ont semblé accaparées par la gestion du nombre de places en réanimation hospitalière et par les remontées statistiques », affirme le rapport. Jusqu'à la mi-mars, ajoute-t-il, le ministère de l'Intérieur et les préfets ont été exclus du processus de décision. Puis, il y eut « une organisation bicéphale entre les ministères de la Santé et de l’Intérieur ». Or pour gérer une crise, il faut « un commandement unique », selon la FNSPF.
Sous-utilisation des pompiers
« On a manqué de pragmatisme, de réalisme, de proximité et de confiance en ceux qui sont confrontés aux problématiques des gens au quotidien », a abondé le président de la FNSPF, Grégory Allione. « Les maires, les départements n’ont jamais été utilisés par les ARS », a-t-il déclaré lors d'une visite à Sallanches (Haute-Savoie). Cette absence de dialogue a notamment favorisé « l'oubli des Ehpad, laissant seules les collectivités territoriales face aux décès en nombre de nos aînés », souligne le rapport. « On faisait remonter » la situation dans les Ehpad et les pompiers ont proposé d'évacuer des malades, « mais rien ne se passait », a regretté M. Allione. Les pompiers se sont sentis particulièrement « sous-utilisés », souligne leur fédération. « Dans certains départements, « on a vraiment fait attention à ne pas utiliser les pompiers », ajoute même M. Deregnaucourt.
Ce rapport vient alimenter des tensions de longue date entre les pompiers, qui dépendent de l'Intérieur, et les services de santé sur la façon de gérer les appels d'urgence, le secours et le transport des malades.
Nécessité de deux numéros santé
Comme elle l'avait déjà fait dans un communiqué commun avec les médecins libéraux il y a deux semaines, la FNSPF dénonce également la saturation du numéro d’urgence 15. Selon elle, les temps d’attente avoisinent parfois les quarante minutes. Elle en profite pour réclamer à nouveau l’instauration de deux numéros, le 112 pour les urgences vitales et le 116-117 pour la régulation libérale. Une demande qui rejoint celle des médecins libéraux, fermement opposés à la mise en place du numéro unique santé via le 113, comme cela a été préconisé par la mission de préfiguration du service d’accès aux soins.
Le ministère de la Santé a regretté la publication « en pleine crise » d’un « rapport clairement pas étayé » qui « ne reflète pas les actions » des professionnels mobilisés. François Braun, le président de SAMU-Urgences de France a lui dénoncé un « pamphlet » compilant de « fausses informations » qui témoignent de « la grande frustration » de la fédération. « Les gens ont réussi à joindre le SAMU. On n'a pas perdu d'appels graves, et surtout on a permis de désengorger les urgences », a assuré M. Braun en n'excluant pas de porter plainte pour diffamation.
(Avec AFP)
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
À la mémoire de notre consœur et amie