Hôpitaux, tarifs encore en baisse de -0,9%

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Publié le 09/03/2017
La campagne tarifaire 2017 accuse une nouvelle réduction des tarifs. Tous les secteurs sont visés. Et les professionnels protestent vigoureusement contre ce nouveau tour de vis, même si le pire a été écarté. Décryptage.

Le gouvernement a reculé… Au lieu d’une contraction initiale de -1,1 à-1,4 %, sur les tarifs hospitaliers, la baisse sera donc limitée à -0,9 %. Un résultat à mettre au crédit de la forte mobilisation qui a réuni pour la première fois l’ensemble des fédérations hospitalières dans un même mouvement de protestation. Cette unité d’action annonce-t-elle une nouvelle ère et la fin des polémiques ? En tout cas, le ton de Lamine Gharbi, le président de la FHP (Fédération de l’hospitalisation privée), dans un premier temps, est conciliant. « Cette baisse est équitable ».

Le front uni se fissure

Mais au-delà de ce premier constat, le front uni se fissure rapidement. La FHP s’insurge de la baisse supplémentaire de 0,49 % infligée aux seules cliniques privées justifiée selon la ministre de la Santé par les effets du CICE et du pacte de responsabilité. Pourquoi les établissements de la Fehap (Fédération des établissements privés et d’aide à la personne privés non lucratifs) sont-ils épargnés ?, s’étonne-t-on à la FHP. Avec ce nouveau coup de rabot, « nous ne disposons d’aucune marge de manœuvre de négociation avec les syndicats lors de nos négociations annuelles obligatoires », s’inquiète Lamine Gharbi. L’équité ne serait pas une valeur absolue mais relative…

Baisse des tarifs versus hausse des charges

Si donc des clivages persistent, la gravité de la situation est en revanche reconnue par tous. Elle s’inscrit dans une baisse continue des tarifs alors que les charges augmentent. David Gruson, le directeur général de la FHF (Fédération hospitalière de France) s’inquiète « de la dureté de la campagne tarifaire". Et annonce la rédaction d'une lettre commune avec l’ensemble des présidents de conférence. La forte hausse du coefficient prudentiel fixée à 0,7 % suscite une réelle inquiétude. Cette réserve, mise de côté au début de l'exercice budgétaire, est loin d’être redistribuée dans son intégralité même en cas de contrôle strict des dépenses. Quant à la progression significative des missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation (Migac) de 3,1% à comparer avec le taux de 1,7 % en 2016, elle ne provoque pas l’enthousiasme au sein de la FHF. « Le taux n’est qu’indicatif », souligne David Gruson. En pratique, la distribution des subventions répond à des procédures complexes.

Hausse de 2 % pour l’hôpital par rapport à 2016

Dans ce ciel bien sombre, seule Marisol Touraine voit arriver le printemps ; « Ce sont en effet 1,5 milliard d’euros supplémentaires qui seront dédiés aux établissements de santé (soit une hausse de 2 % par rapport à 2016, portant le total des dépenses à 79,2 milliards d’euros », précise la ministre dans un communiqué de presse. Mais à quel prix ? « Entre les revalorisations salariales accordées à la fonction publique hospitalière et l’imposition de charges externes, cela représente en pratique 750 millions de dépenses supplémentaires », note David Gruson. La Fehap enfonce le clou en notant sur cinq ans une baisse des tarifs de 3,87 % alors que l’inflation a progressé de 4,88 %. Soit un effort de productivité de 8,75 % réalisé au cours de la période.

Comment alors expliquer à quelques semaines de l’élection présidentielle ce tour de vis supplémentaire ? Face à des personnels en souffrance, cette nouvelle diète sera difficile à digérer… L’objectif serait de nettoyer les comptes de l’assurance maladie avec un transfert du déficit vers les comptes des hôpitaux publics. Pour le secteur privé, le risque est de fragiliser encore davantage les établissements indépendants.

Pour autant, le prochain gouvernement lâchera-t-il la bride sur les comptes, Rien n’est moins sûr…

 


Source : lequotidiendumedecin.fr