Face à la désertification médicale et aux besoins toujours plus urgents de certaines communes de trouver des généralistes, les élus locaux n’hésitent pas à faire l’article de leurs territoires. En mettant parfois dans la balance tout un tas d’avantages pour tenter d'attirer la perle rare. Pour faire connaître leurs projets, les collectivités diversifient également leurs moyens de communication (clips sur youtube, sets de table dans les restaurants...) et misent de plus en plus sur des formats originaux. Mais malgré tout, beaucoup continuent encore de passer par le canal des petites annonces, notamment dans la presse médicale.
Pour leur thèse de fin d’études, Joseph Maurin et Clémence Garin, alors internes de médecine générale à Saint-Etienne, ont épluché les petites annonces passées par les municipalités dans Le Généraliste et le Quotidien du médecin entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2017. L’objectif était de voir ce qu’elles contenaient et si elles avaient entrainé des installations effectives de médecins de famille.
En tout, 98 petites annonces ont été analysées. Elles proposaient principalement un exercice libéral (30,6 %) en structure de groupe (30,6 %) et la plupart (76,5 %) ne requéraient aucun engagement (sur la durée d’installation, le temps de travail, le montant du loyer etc) de la part du praticien. La moitié des annonces proposaient en revanche au moins un avantage aux généralistes. Les avantages professionnels étaient liés au loyer du cabinet, proposé gratuitement un temps donné ou à un prix attractif. La mise à disposition d’un secrétariat était aussi proposée par plusieurs communes, ou encore des exonérations de charge, des aides financières pour faciliter l’installation. Certains avantages extra-professionnels ont également été mis en avant. La plupart du temps, ils concernaient le logement du praticien mis à disposition gratuitement ou à prix réduit, et quelques avantages fiscaux. Contrairement à des exemples isolés qu’on retrouve parfois, « aucune annonce recensée ne proposait d’avantages ou engagements déconnectés de la réalité professionnelles, et l’absence de services publics de base restait minime (4,1 % ) », soulignent les auteurs de la thèse.
Près de trois quarts des annonces ont trouvé preneur
Les petites annonces semblent avoir encore de beaux jours devant elles puisque dans les deux ans qui ont suivi leur parution, 60 annonces (63,2 %) ont donné lieu à une installation effective et 10 (10,5 %) à une installation temporaire. En revanche aucune caractéristique de ces petites annonces ne semble réellement déterminante pour ces installations. L’installation n’était associée ni à la distance au service d’urgence le plus proche, ni à la présence d’une école, d’une poste et d’une boulangerie, ni au mode de rémunération, ni au type de structure, ni au type d’installation, ni au nombre d’habitants, ni à l’existence d’aides ou à la présence d’un engagement (voir tableaux ci-dessous). « Aucun critère n’est apparu particulièrement significatif avec les installations, pouvant traduire un manque de puissance de ces leviers, mais aussi une absence de dynamique de cupidité des professionnels ou encore une certaine variabilité entre eux », concluent Joseph Maurin et Clémence Garin.
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