C’est un argument de plus pour le gouvernement en faveur du développement de l’exercice coordonné et pluriprofessionnel. D’après une étude, réalisée conjointement par la Drees et l’Irdes, et parue ce mardi, exercer en maison de santé pluriprofessionnel (MSP) aurait un effet bénéfique sur les revenus des généralistes. Sur la période observée, de 2008 à 2014, les revenus des professionnels des MSP ont augmenté plus vite que ceux de leurs confrères d’après cette enquête.
Une patientèle plus importante
L’étude s’est penchée sur le profil des généralistes exerçant en MSP. Ils sont en moyenne plus jeunes (47,7 ans contre 48,7 ans), moins souvent des femmes (25,4 % contre 28,6 %) et plus nombreux à vivre en couple, mariés ou pacsés (83,1 % contre 77,1 %). Ils sont aussi moins nombreux à avoir un mode d’exercice particulier et ont plus souvent une activité salariée en complément (25,7 % contre 20,6 % en 2008). « Plus du tiers des médecins généralistes qui exercent en MSP en 2014 (36,7 % contre 12,2 %) pratiquaient en 2008 dans des zones rurales, et le quart d’entre eux dans des espaces périurbains (24,8 % contre 18,6 %) », ajoute l’étude (voir tableau ci-dessous). Enfin concernant leur activité, si les visites à domicile représentent une part significativement moins importante de leurs honoraires, les généralistes des MSP semblent voir légèrement plus de patients (+8,3 % en file active et +5,2 % en patientèle inscrite médecin traitant en 2008).
Augmentation des revenus plus rapide, notamment grâce aux forfaits ?
L’objet principal de l’étude était d’observer les différences en termes de rémunération, et celle-ci montre que, si les revenus augmentent pour tous les généralistes quel que soit leur lieu d’exercice, ils le font plus rapidement pour ceux en MSP. Ainsi les médecins des MSP entre 2008 et 2014 ont connu une progression additionnelle de leur revenu annuel de 2 091 euros, comparativement à ceux exerçant hors MSP. « Tous les médecins ayant par ailleurs vu leur revenu d’activité s’accroître de 10 285 euros au cours de cette période », précise l’étude.
Alors quelle explication à cette différence ? « En termes d’activité, cette hausse additionnelle de revenu pour les médecins exerçant en MSP n’est pas liée à un surcroît de consultations et de visites mais, plutôt, à une évolution plus rapide de la taille de leur patientèle et ainsi des paiements forfaitaires associés », soulignent les auteurs. En effet, la taille de la file active a augmenté pour tous les médecins sur la période, mais de façon plus importante pour ceux des MSP avec environ 89 patients supplémentaires, « ce qui représente 4 % de patients en sus vus au moins une fois sur l’année ». « Du fait de l’implantation des MSP, le plus souvent dans des zones sous-denses en termes d’offre de soins, cette augmentation de la taille de la patientèle file active peut s’interpréter comme une amélioration de l’accès aux soins », note l’étude.
Un impact positif sur les pratiques
Cette file active plus importante a un impact sur les forfaits liés à la patientèle comme le forfait médecin traitant. L’étude précise aussi que la répartition et l’utilisation du financement ACI est « à la seule discrétion des structures elles-mêmes » et formule aussi l’hypothèse que « la pratique en MSP permette de bénéficier d’un plus grand nombre de forfaits », même s’il n’est toutefois pas « possible de le documenter ».
Concernant les revenus et les forfaits en particulier, l’exercice en MSP semble aller de pair avec une rémunération sur objectif de santé publique (Rosp) plus élevée. Les généralistes des MSP ont ainsi perçu en 2014 en moyenne 9 % de plus que leurs pairs, soit 595 euros (voir tableau). Et selon l’analyse, cette différence ne serait pas liée à la taille de la patientèle, « les résultats du modèle qui contrôle précisément cet effet taille suggèrent plutôt qu’il existe une relation positive entre l’exercice en MSP et l’atteinte des objectifs de santé publique fixés dans la ROSP », commentent les auteurs.
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