CORK EST UNE VILLE du Sud dans un pays du Nord. On y parle l’anglais avec l’accent chantant de la Provence, mais la ressemblance s’arrête là : pas d’été torride ni de cigales. Pas de siestes interminables non plus, même quand les Fenians (les nationalistes irlandais) régnaient sur la cité. La deuxième ville d’Irlande – la troisième si l’on ajoute Belfast, comme le font désormais les Irlandais – a été bâtie sur des marais largement comblés. La rivière Lee, qui n’en fait qu’à sa tête, a fini par glisser ses bras et ses méandres dans toute la ville. On dit que le fleuve est rebelle, comme les habitants.
La ville est belle, impériale, pleine de reflets et d’effluves marins. On y trouve des bâtisses baroques et des édifices victoriens, du calcaire et du grès rose. Les rues tortueuses sont domestiquées par deux grandes artères, où s’égrainent les galeries, les commerces et les pubs. Les deux cathédrales, avec leurs flèches vertigineuses, ont été édifiées au XIXe siècle dans un style néogothique sérieux et appliqué. Ainsi, Cork propose au promeneur ses traditions et ses souvenirs. Pas toujours gais. La prison, Cork City Gaol, symbole de l’oppression britannique, a été fermée le jour de l’indépendance et se visite aujourd’hui comme un musée. Ici, furent enfermés – et souvent fusillés – de nombreux militants historiques, à l’exception de Michael Collins, dont on peut voir à Woodfields les ruines de la maison familiale, incendiée par les Anglais.
La côte du Gulf Stream.
Cette région, qu’on appelle aussi la « côte du Gulf Stream », pour expliquer la douceur de son climat et le fouillis exotique de ses jardins, répand au détour de ses plaines de divines surprises : près de Rosscarbery, le cercle de pierre de Drombeg, composé de 17 menhirs datés de 150 ans avant J.-C. ; le château de Blarney et son parc bien dessiné ; le manoir de Riverstown, peint par les frères Francini ; ou la demeure de Bantry, avec ses jardins élégants dominant la baie.
La petite ville de Kinsale est située non loin de Cork, à l’embouchure de la rivière Bandon. C’est le Saint-Tropez irlandais, en plus sage. La ville possède son musée du vin, et c’est légitime, puisque son port a fait fortune dès le XVe siècle dans le commerce du nectar divin. Le musée est installé dans le Desmond Castle, une austère forteresse, propriété d’aristocrates irlandais, qui a la particularité d’avoir été chapardée autrefois par les Anglais et transformée en prison pour les soldats français (600 malheureux y périrent lors d’un incendie en 1747). Victime des défaites de leurs alliés espagnols et du désastre de la mal nommée Invincible Armada, l’armée des comtes irlandais quittera l’île verte pour s’éparpiller dans le monde. Et, souvent, les Oies sauvages – on les appela ainsi – deviendront des seigneurs du vin. Notamment dans les régions vinicoles du sud-ouest de la France, mais aussi en Australie et en Amérique. De célèbres maisons portent encore leur nom Hennessy, Clarke, McCarthy, Barton, Lynch, etc. En 1690, la famille Dillon s’installa en Martinique et distilla un rhum fameux.
Enfin, le Ring de Kerry a été dessiné par les vagues furieuses de l’Atlantique qui ont percé la côte de vastes échancrures. Des promontoires fascinants, un déluge de prairies bien vertes, de jolis bosquets et des villages discrets. Dans l’un d’eux, dénommé Sneem, le général De Gaulle, en retraite des affaires de l’État, passa quelques heures et laissa une phrase que les villageois ont trouvée tellement historique qu’ils l’ont gravée dans le marbre : « En ce moment grave de ma longue vie, j’ai trouvé ici ce que je cherchais : être en face de moi-même. »
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