Alors que l'Assemblée nationale s'échine à examiner les milliers d'amendements du projet de loi des retraites, la Caisse autonome de retraite des médecins libéraux (CARMF) est revenue sur deux mesures présentées comme des « avancées » pour la profession.
Suggérée lors d'une réunion de concertation par les syndicats de libéraux au haut commissariat à la réforme des retraites début janvier, la mise en place d'un régime « supplémentaire » de retraite pour les médecins libéraux permettrait de maintenir le niveau actuel de cotisations retraite après réforme pour obtenir un niveau de pension similaire. Fin janvier, Laurent Pietrazewski, secrétaire d'État chargé des retraites s'est dit « ouvert » à cette solution dans un entretien au « Quotidien ». La semaine dernière, la CSMF a même indiqué dans un communiqué que « cet étage supplémentaire doit être obligatoire pour les médecins libéraux » « Il pourrait être géré par la CARMF et une partie des réserves constituées par la profession pourrait abonder cet étage supplémentaire obligatoire », écrit le syndicat présidé par le Dr Jean-Paul Ortiz.
Interrogé par « Le Quotidien », le président de la CARMF, le Dr Thierry Lardenois, dit ne pas « fermer la porte » à une telle éventualité, tout en regrettant de n'avoir pas été consulté sur cette proposition. « Avant de faire des annonces politiques, il faut d'abord étudier les paramètres techniques de ce régime. Il n'y a rien dans le projet de loi en l'état », dit-il. La caisse autonome souhaite avoir des précisions sur la forme du régime, par répartition ou par capitalisation, sa gouvernance, le niveau de cotisation et la valeur des points. « Si ce régime doit être obligatoire, il faudra aussi recueillir l'avis de la profession. Je rappelle qu'avec ce régime, la CARMF actuelle disparaîtra, ce sera une nouvelle CARMF avec des fonctions différentes », explique le Dr Lardenois. Concernant l'utilisation des réserves pour abonder ce régime supplémentaire, le généraliste rappelle qu'elles « sont la propriété de ceux qui les ont constituées et qu’à ce titre, elles ne peuvent en aucun cas abonder un autre régime que celui auquel elles ont été affectées. C'est la loi ».
Déséquilibre technique
L'autre « annonce » concerne la possibilité pour les médecins en cumul emploi retraite d'acquérir des droits supplémentaires à partir de 2022. Cette mesure réclamée par les syndicats et proposée dans l'article 26 du projet de loi sur les retraites « présente un risque d’altération de l’équilibre technique », selon la CARMF. Pour octroyer des droits supplémentaires et en même temps assurer cet équilibre, « il faudra trouver de l'argent supplémentaire. Cela conduirait à la baisse de la valeur du point des cotisants actuels », prévient le Dr Lardenois.
Pour l'heure, la CARMF réclame toujours des « études actuarielles et des simulations avant toute annonce ». Quant à la CSMF, elle espère que « la CARMF mettra tous les moyens techniques à la disposition de la négociation syndicale avec le gouvernement afin d’aboutir sur ce dossier essentiel ».
Le Dr Thierry Lardenois, généraliste et président de la CARMF (caisse autonome de retraite des médecins de France), décryptera cette réforme et l’impact qu’elle aura sur la retraite des médecins libéraux au cours d’un Live chat avec les lecteurs du « Quotidien » le mercredi 26 février à 13 heures. Posez vos questions dès maintenant.
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