LE QUOTIDIEN : Quel constat général peut-on tirer de l'année 2017 pour les médecins libéraux ?
BECHIR CHEBBAH : Elle n'a pas été mauvaise car, pour la grande majorité des spécialités, on constate une évolution positive du chiffre d'affaires et des résultats. Même si cela reste souvent modeste, 2 à 3 % pour beaucoup de disciplines, ce n'est pas si mal dans un contexte de quasi-absence d'inflation.
Il y a quand même quelques mauvaises surprises. Les gynécologues-obstétriciens ou les pédiatres par exemple [dont le revenu stagne], et les médecins à expertise particulière, tels les homéopathes (-3 %), sont plus à la peine.
En regard, l'activité chirurgicale tire mieux son épingle du jeu, de même que quelques autres disciplines techniques qui font grimper les revenus. Enfin, pour les généralistes l'année est bonne du fait de l'entrée en vigueur du C à 25 euros. Leurs résultats progressent d'ailleurs plus vite que leurs chiffres d'affaires, ce qui est souvent le cas l'année où se produit une croissance forte des recettes.
Les revenus des médecins sont-ils sensibles à la reprise de la croissance économique ?
Des trois catégories de professions libérales, les métiers de santé sont ceux dont l'activité est la moins liée à la conjoncture. En 2017, les revenus des administrateurs judiciaires, par exemple, sont en baisse, car ils évoluent toujours à rebours des cycles économiques. Les services aux entreprises ou aux particuliers au contraire, ceux des notaires, des architectes ou des géomètres sont très liés à la croissance du secteur immobilier.
En revanche, les résultats financiers du secteur de la santé – médecins et paramédicaux – ont moins de liens directs avec l'activité économique. A priori, leurs revenus dépendent davantage des pathologies, des épidémies, du vieillissement, en tout cas pour tout ce qui est pris en charge par la Sécurité sociale et les mutuelles. Cette déconnexion de l'évolution du reste de l'économie touche moins certaines professions de santé mal remboursées comme les orthodontistes – qui font 4 % de progression cette année — ou les chirurgiens plasticiens (+10 %).
Sur le plan fiscal, le prélèvement à la source, qui entre en vigueur l'année prochaine est-elle une bonne affaire pour les professions libérales ?
Oui bien sûr, comme pour l'ensemble des contribuables, d'ailleurs. En tout cas pour l'exercice en cours, puisque l'État va abandonner la perception des impôts sur 2018. Les libéraux vont bénéficier de cette remise de dette, même si cela ne sera pas très visible sur leur trésorerie. Pour le reste, il y aura peu de changement en 2019, si ce n'est qu'ils vont payer leurs impôts sous forme d'acomptes.
Compte tenu des incitations fiscales, positives, puis négatives, à adhérer à une association de gestion agréée, existe-t-il encore des libéraux qui ne sont pas affiliés à une AGA ?
Plus beaucoup ! Quand on regarde les statistiques, 92 % des professions libérales adhèrent à une AGA. Ceux qui s'abstiennent correspondent sans doute à ceux qui démarrent leur activité, qui sont en déficit ou qui ignorent la nécessité d'adhérer.
Parmi les indépendants, on constate donc un taux d'adhésion très fort, proche de celui des agriculteurs, bien plus élevé que chez les commerçants.
Article précédent
Les techniciens dominent nettement la pyramide des revenus, comme d'habitude
Article suivant
Dr Xavier Gouyou Beauchamps* : « Des chirurgiens orthopédistes ont signé l'OPTAM »
Les techniciens dominent nettement la pyramide des revenus, comme d'habitude
Béchir Chebbah : « 2 à 3 % pour beaucoup de disciplines, ce n'est pas si mal… »
Dr Xavier Gouyou Beauchamps* : « Des chirurgiens orthopédistes ont signé l'OPTAM »
Dr Margot Bayart* : « Enfin un signal positif pour la médecine générale ! »
Dr Jean-Philippe Masson* : « La baisse du revenu des radiologues n'est pas une surprise »
Dr Yannick Schmitt*: « La hausse pour les remplaçants, s'explique par la revalorisation du C »
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique