IL S’ÉTAIT rendu célèbre pour avoir rédigé en 2012 un rapport sur les déserts médicaux dans lequel il prônait la coercition à l’installation. Mais le sénateur centriste Hervé Maurey, également maire de Bernay (Eure), s’est rangé au principe de réalité pour faire venir des praticiens sur sa commune de 11 000 habitants.
Après le départ de deux généralistes en 2012, la mairie a cherché à attirer de nouveaux médecins. Sans grand succès. « Le salariat m’a semblé être la seule solution », indique le maire. Ayant entendu parler de la Ferté-Bernard, une petite ville de la Sarthe qui a salarié des généralistes en septembre 2011, il décide de tenter l’expérience. Divine surprise, la mairie reçoit « des dizaines de candidatures ».
Le choix se porte sur le Dr Isabelle Ficher-Lévy, 49 ans, mère de trois enfants. Remplaçante en libéral depuis plus de dix ans, elle souhaitait s’installer. « On a bien accroché », reconnaît le maire, certain d’avoir fait le bon choix. Avant de franchir le pas, la mairie a demandé leur avis aux généralistes de la ville. Accord unanime. « Ca a été moins facile avec l’Ordre départemental, précise Hervé Maurey. Ils se demandaient pourquoi on voulait salarier un médecin, et s’il ne s’agissait pas d’une remise en cause de l’exercice libéral ».
La praticienne, qui exerce à Bernay depuis 8 jours, travaille 42 heures par semaine et peut organiser son temps de travail. Elle doit consulter au moins un samedi matin sur trois. Elle perçoit 5 000 euros nets par mois, et la mairie prend en charge les frais du cabinet (qu’elle partage avec un médecin libéral) et de secrétariat. Les patients règlent le prix de la consultation au trésor Public de Bernay.
« Selon nos calculs, précise le maire, en incluant les frais et le salaire, l’opération sera blanche pour nos comptes si le médecin réalise trois actes par heure travaillée ». D’autres praticiens vont partir à la retraite d’ici à deux ans. Hervé Maurey est prêt à rééditer l’opération si aucun libéral ne prend la relève.
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