QUI A DIT que les prétendants à l’Élysée ne parlaient pas de santé dans cette campagne présidentielle ?
Le tableau détaillé que nous publions aujourd’hui, établi à partir des programmes électoraux des candidats, de leurs discours et des interviews publiées tout au long de la campagne, notamment dans le « Quotidien », démontre le contraire.
Certes, aucun (y compris Nicolas Sarkozy et François Hollande) n’a exposé à ce jour « le » grand projet visionnaire de santé à l’horizon d’un quinquennat, incluant architecture du système et financement, qui aurait pu intéresser les médecins de ville, les praticiens hospitaliers, les assurés et l’industrie du médicament. Xavier Bertrand s’était pourtant engagé dans nos colonnes à proposer, au nom de Nicolas Sarkozy, « une vision du système de santé à cinq ans et dix ans, avec des propositions fortes » (Quotidien du 13 février). On attend toujours, à moins deux semaines du premier tour. Mais sans doute le ministre de la Santé, qui est aussi celui du Travail et de l’Emploi, a-t-il été rattrapé par les mauvais chiffres du chômage, priorité des priorités.
Le pari du retour de la croissance.
Contrairement aux campagnes précédentes, une poignée de thèmes santé ont néanmoins percé, obligeant les favoris à se positionner : les dépassements d’honoraires abusifs, et la nécessité d’une forme d’encadrement en ville comme dans le secteur privé hospitalier ; la répartition des médecins (avec la confirmation que les contraintes à l’installation n’avaient pas la cote dans les discours électoraux contrairement aux modes d’exercice regroupé plébiscités) ; l’engorgement des urgences hospitalières avec la piste récurrente de « sas » libéraux en amont pour améliorer la situation ; le financement de l’hôpital (avec un clivage net entre le président sortant et le candidat socialiste qui assume la réforme de la T2A et la fin de la convergence tarifaire public/privé) ; dans une moindre mesure la prévention, dont tous les candidats veulent renforcer les moyens.
Crise oblige, les propositions précises des candidats sur les recettes de la Sécu et sur le « panier de soins » (ce qui devra relever demain du régime obligatoire, des complémentaires et des ménages) ont été en revanche plus discrètes. Quant aux discours sur le médicament (lire notre dossier page 4), ils restent convenus et malthusiens alors que le marché français est entré pour la première fois en récession...
Chacun espère en secret que le retour de la croissance apportera quelques marges de manœuvre. Seul le Medef avertit dès maintenant que la réforme de l’assurance-maladie sera, quoi qu’il arrive, le « prochain grand défi » du président de la République élu le 6 mai. À bon entendeur...
Comparez les programmes santé des candidats à la présidentielle 2012.
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