Le Dr S. a 30 ans. Depuis la fin de son internat il y a près d'un an, cette généraliste exerce son métier comme remplaçante dans la région Midi-Pyrénées. Pas question pour elle de s'installer, du moins dans l'immédiat.
Pourquoi une telle réticence ? La jeune femme s'en est expliqué sur lequotidiendumedecin.fr, dans un commentaire publié en réponse à un confrère qui s'interrogeait sur la réelle motivation des jeunes diplômés.
La jeune femme revient aujourd'hui sur ce texte qu'elle dit avoir écrit « sous le coup de la colère », ajoutant qu'elle en a « marre d'entendre que les médecins d'aujourd'hui sont moins travailleurs, moins disponibles, ont moins d'empathie ».
Les générations précédentes avaient-elles plus le sens du sacrifice ? Sûrement, répond la généraliste, mais « pour la majorité d'entre nous, nous sommes toujours aussi dévoués ». Le contexte aussi a évolué : « On oublie de dire que les patients ont aussi changé, sont moins reconnaissants et respectueux envers les médecins, ce qui peut expliquer qu'on ait moins envie de "se sacrifier" . »
S'installer dans les 5 ans
Comme bon nombre de ses jeunes confrères, le Dr S. aspire à exercer pleinement son métier, en préservant sa vie familiale. « Combien de médecins plus âgés (hommes) m'ont dit qu'ils n'avaient pas vu grandir leurs enfants ? », se désole la jeune femme. Sans compter que les remplacements permettent de s'aguerrir au contact de praticiens plus expérimentés.
Pas question pour autant de tirer définitivement un trait sur l'installation. La généraliste se voit bien installée « probablement dans les 5 ans », pour assurer le suivi de ses patients. Un moyen pour elle d'exercer cette médecine « la vraie, celle du médecin qui prend du temps avec son patient ».
Je fais partie de "ces médecins spécialistes de médecine générale", fraîchement diplômés. Pourquoi je ne m'installe pas ?
Parce que, après 10 ans d'études (9 + 1 an de DIU), j'ai envie de souffler un peu et ne pas m'engager immédiatement dans un nouveau projet, de profiter des remplacements pour continuer à apprendre auprès de mes confrères plus âgés (lorsqu'on parle des cas compliqués, comme une sorte de compagnonnage).
Parce que j'ai fait ma vie avec une personne qui a un CDI dans une grande entreprise à la ville (et qui, vu ses études et la conjoncture actuelle, trouverait difficilement un travail dans un désert rural).
Parce que j'ai 30 ans et il faut aussi penser à fonder une famille (et s'installer avec un gros ventre ou un tout petit bébé, c'est la galère, très compliqué de trouver suffisamment de temps pour les deux, sans en sacrifier un). Et en tant que remplaçante, le congé maternité permet de vivre correctement alors que c'est limite suicidaire quand on est installé… sans parler de tous les aspects négatifs souvent cités qui n'encouragent pas (la lourdeur administrative, les charges qui explosent... ) et de l'argent que je n'ai pas encore pour m'installer.Oui j'ai conscience que ce choix est un peu égoïste, mais après 10 ans de lourdes études, je pense que j'ai le droit de souffler un peu.
Je m'installerai très probablement dans les 5 ans, car si j'ai choisi la MG, c'est pour assurer le suivi de mes patients, et en restant remplaçant, on est forcément un peu frustré... Alors s'il vous plaît, arrêtez de caricaturer les "jeunes" médecins ("branleurs").
On veut faire de la médecine, la vraie, celle du médecin qui prend du temps avec son patient, et non de l'abattage… peut être est-ce aussi la façon d'exercer de certains "anciens" qui en ont dégoûté certains ?
Un jeune médecin qui demande un peu de considération et de bienveillance de ses pairs plus âgés.
Commentaire du Dr S., publié le 25 novembre à propos de l'article « Pourquoi sommes-nous formés ? Pas pour faire du fric... ».
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