Nos énarques, polytechniciens, et autres grandes écoles continuent à croire (ou faire semblant ?) que les médecins sont immortels et ne prévoient pas de les remplacer. Sous Mitterand l'axiome « En diminuant le nombre de médecins on diminue le nombre de malades » a fait fureur, et depuis chaque gouvernement l'adopte. Cet axiome associé au “principe de sécurité “a permis aux différents gouvernements de fermer les petits puis moyens hôpitaux, maternités et cliniques afin de baisser leurs charges sociales des entreprises, sans grever irrémédiablement le budget de la CPAM. Le regroupement des hôpitaux restant en de grands centres hospitaliers, gérés comme les entreprises internationales, a permis de diminuer le nombre des services hospitaliers en les réunissant en une seule unité, d'où moins de médecins, d'infirmières et de lits.
Ce dégraissement des hôpitaux et des Services hospitaliers a permis de nouveau aux gouvernements (...) de justifier de son impossibilité d'augmenter le numerus clausus des médecins : la diminution des Services hospitaliers ne permettant plus de recevoir en stage le nombre d'étudiants nécessaire. Idem pour les infirmières du fait de la fermeture des écoles.
Quelles solutions ?
Et aujourd'hui cette pénurie de médecins et d'infirmières touche la totalité du territoire. Nos hommes politiques, avec une grande perspicacité, n'ont trouvé, pour pallier à cette pénurie, qu'une seule et unique solution : la politique d'égalisation des zones déficitaires. Ils demandent qu'une partie des médecins se trouvant dans les zones dites « peu déficitaires » viennent s'enfermer dans les Maisons Médicales nouvellement construites dans les zones « plus déficitaires », ou de boucher un trou grâce à la terre provenant d'un autre trou en le creusant plus profondément.
Pour étouffer leur responsabilité, les hommes politiques sont loin de proposer des solutions pour apaiser la tension qu'ils ont créée entre les hôpitaux et les médecins libéraux et la tension envers les médecins libéraux et les patients. La fainéantise des médecins libéraux engorge les Urgences (et non par le manque de services d'Urgence et de personnel dans ces services ?). Si les petites communes n'ont pas de médecin généraliste ce n'est pas dû à la pénurie de médecin, ni à la désertification programmée des services publics dans ces petites communes (suppression de la poste, de l'école communale, de la gare, etc.) qui isole et fait fuir les jeunes, mais par la faute des médecins qui refusent de s'installer dans ces communes dont les politiques ont programmé la déchéance (...).
Le carcan de la recertification
Ces mêmes hommes politiques veulent faire croire aux Français que cette pénurie, qu'ils sous-entendent artificielle, sera mieux gérée et de ce fait les malades mieux soignés en mettant le médecin généraliste sous le joug de la CPAM et des mutuelles. Ce carcan est la “Recertification “qui donne droit au médecin de ne continuer d’exercer que s'il applique les directives de la CPAM et bientôt des mutuelles.
Doit-on en conclure que, pour ceux qui soutiennent cette recertification, la valeur du Doctorat ou/et le niveau des études médicale ont nettement baissé depuis quelques années ? (...) Une recertification des médecins généralistes basée sur l'application des nouvelles découvertes techniques et médicamenteuses utilisées que par les Spécialistes est-elle logique, impérative pour autoriser l'exercice ou non de la médecine générale ?
Ces mêmes gouvernements qui refusent d'augmenter le nombre d'étudiants (médecins, infirmières, etc.), promettent cependant de combler le manque de médecins dans toutes les spécialités, d'infirmières dans tous les services publics. Et le plus étonnant : ces promesses sont reprises par les médias. N'entendent-ils pas le ras-le-bol de tout le personnel de santé ?
La critique est aisée...
Il est facile de critiquer les médecins libéraux ou les hôpitaux dans l’accueil, la rapidité de la consultation, la difficulté d'avoir un rendez-vous ou l'attente interminable au service des urgences, etc., en amnistiant ceux qui ont fermé les hôpitaux, les services hospitaliers, provoqué le manque de personnel de santé (pénurie de médecins, d'infirmières, de lits, etc.)
Pourquoi des hôpitaux psychiatriques ont-ils été fermés laissant dans la rue des malades en comptant qu'ils soient pris en charge par les médecins généralistes non formés à cette spécialité. Par manque de place dans les hôpitaux ayant survécu, les malades se trouvent actuellement dans les services d'urgence, non spécialisés dans l'attente d'un placement hypothétique ? Pourquoi dans la région parisienne les ambulances font le tour du périphérique, plusieurs fois si nécessaire, dans l'attente d'un lit en service de cardiologie ? Qui est responsable de cette pénurie du personnel de santé et de cette carence de soins ? Le médecin ou l'homme politique ?
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