Histoires vécues en temps de Covid

Mini-consultations par la fenêtre du cabinet

Publié le 17/08/2020

En première ligne durant l'épidémie de coronavirus, ce médecin raconte ses craintes face aux risques de contamination et les difficultés auxquelles il a dû faire face tout en restant fidèle à ses convictions et sa vocation de soignant. Durant le mois d’août, « Le Quotidien » publie les témoignages de médecins confrontés à la crise épidémique. Merci à eux de partager avec leurs confrères ces moments qui les ont marqués.

Crédit photo : S.Toubon

Voici l’ambiance surréaliste de la journée du 16 mars, veille du confinement.

Deux heures en continu le matin, à répondre aux mails et aux SMS, arrivant par rafales.
J’ai évité de nombreuses consultations en les repoussant plus tard dans la semaine, en envoyant par mail des ordonnances de dépannage, des certificats de facteurs de risque (permettant un aménagement de poste pour les patients fragiles). Plusieurs refus d’arrêt de travail si patients non malades (même avec facteurs de risque).

L’après-midi, je me suis limité à 16 consultations sur rendez-vous avec de nombreux états grippaux. Port de la blouse et du masque en permanence. L’un des cas les plus suspects était une infirmière hospitalière (mais elle a contacté le 15, samedi, qui a organisé le test —> négatif). Quelques mini-consultations par la fenêtre du cabinet.

Petite anecdote : un vieux monsieur bronchiteux est venu sous la pression de sa femme. Il toussait un peu. Celle-ci lui a dit de me montrer un compte-rendu (que j’avais déjà) et qui datait de quelques mois : séjour en réanimation pour détresse respiratoire. Je lui dis qu’effectivement il était un peu à risque. « Ah bon », me répond-il !

À noter que je me suis senti plus en sécurité au cabinet l'après-midi, qu’au Super U le matin où c’était la folie. Plein de monde. Difficile de garder un mètre entre les têtes.

Dr Dominique Souvestre

Source : lequotidiendumedecin.fr