Un an après la pluie de bonnes nouvelles annoncées par Marisol Touraine aux acteurs de l'hospitalisation à domicile (HAD), le secteur constate que les promesses tardent à se concrétiser, freinant le développement de ce mode de prise en charge, en essor constant mais insuffisant.
À l'occasion de la 20e édition de la journée nationale de l’HAD, le Dr Élisabeth Hubert, présidente de la FNEHAD (qui regroupe 240 des 308 structures d'HAD) a tiré un bilan 2016 en demi-teinte sans cacher sa déception. « Je suis bien plus grognon que l'an dernier, souligne l'ancienne ministre de la Santé. Après un début d'année très favorable et de bonnes choses obtenues pendant quatre ans, l'hospitalisation à domicile n'avance toujours pas assez vite. Quand on est acteur de terrain, c'est très fatigant de voir qu'on nous donne d'une main pour reprendre de l'autre. »
19 patients pour 100 000 habitants
Annoncée par Marisol Touraine, la levée des restrictions encadrant le recours à l'hospitalisation à domicile en EHPAD (à compter du 1er mars 2017) n’a pas suffi à redonner le moral aux troupes.
Alors que le secteur se réjouissait d'être associé aux groupements hospitaliers de territoire (GHT) et aux plateformes territoriales d'appui, la réalité est très différente du papier imprimé de la loi de santé. Entre les 114 000 médecins libéraux et les 850 hôpitaux en train de se muer en 135 mastodontes (GHT), la « petite » HAD a du mal à trouver sa place, faute d'impulsion nationale. « En 2016, notre activité a progressé de 6 % sur un an, commente Élisabeth Hubert. C'est mieux qu'en 2015 (4,6 %) mais c'est insuffisant pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés de 35 patients en HAD pour 100 000 habitants en 2018. Avec 19 patients à ce jour, nous n'y arriverons pas ! »
La FNEHAD reproche toujours à Ségur son inertie sur l’évolution de la tarification de l’HAD, reportée à 2020, et sur l’intégration de ses établissements dans le programme d’incitation financière à l’amélioration de la qualité (IFAQ), réclamée depuis 2006. Le groupe de travail ouvert en début d'année a fait long feu, « faute de temps, d'argent et de personnel » déplore la présidente de la fédération.
Glaciation
Des expérimentations devaient être lancées en mars dernier sur la prise en charge post-chirurgicale de cancers utérin, du rectum et du colon. « 47 dossiers sont toujours à l'étude pour 10 candidats sélectionnés, rien ne se fera cette année… », se désole Élisabeth Hubert.
En 2017 ? Rien n'est moins sûr, car la « période de glaciation » entamée à l'approche de la présidentielle est peu propice aux grandes avancées. La présidente de la FNEHAD profitera toutefois de l'incursion de la santé dans le débat public pour réclamer une « politique forte » et « montrer une fois de plus ce que fait l'HAD », afin de contenir la « paranoïa » des plus récalcitrants.
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