Déserts médicaux et dépassements d’honoraires

Le traitement de choc de Que Choisir

Publié le 18/10/2012
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LE CALENDRIER n’a pas été choisi au hasard. Alors que les négociations sur les dépassements d’honoraires connaissent leur épilogue, et à la veille de la discussion à l’Assemblée du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), l’UFC-Que choisir présente une étude dévastatrice sur l’accès aux soins qui - fait nouveau - prend en compte à la fois la dimension géographique et financière.

Selon l’association, il existe aujourd’hui une « intolérable fracture sanitaire » qu’il convient de réduire urgemment. Par exemple, plus de 17 millions de Français auraient peu ou prou des difficultés d’accès géographique ou financier à un généraliste, et ils seraient même 51 millions (soit 80 % de la population) à rencontrer des difficultés pour accéder à un ophtalmologiste ou à un gynécologue (lire ci-dessous).

Sur ces bases, l’association formule des recommandations radicales.

Elle propose d’abord la mise en place d’un « conventionnement sélectif » des médecins, en conditionnant toute nouvelle installation dans un territoire surdoté (30 % de praticiens en plus par rapport à la densité moyenne nationale) à l’exercice en secteur I, ce qui revient à fermer les nouvelles installations en secteur II dans ces zones excédentaires.

Caricature ?

L’UFC-Que Choisir suggère ensuite une « réduction des aides publiques » accordées aux médecins installés en zones surdotées. Une proposition qui fait écho au rapport de la Cour des comptes qui réclamait de moduler (voire de supprimer à terme) la prise en charge des cotisations sociales par la Sécu en fonction de la zone géographique.

Ce n’est pas tout. L’association appelle de ses vœux « la disparition des dépassements d’honoraires ». Magnanime, Que Choisir autorise une « phase transitoire » au cours de laquelle ces dépassements seraient plafonnés à 40 % du tarif Sécu, soit le niveau médian de prise en charge des dépassements par les complémentaires santé.

L’enquête a été adressée à Marisol Touraine. Les parlementaires seront également alertés. Surtout, les patients internautes sont invités à se rendre sur le site de « Que Choisir ». En quelques clics, ils pourront envoyer à leur sénateur ou député un courrier type mentionnant les problèmes d’accès aux soins qu’ils rencontrent, et relayant les propositions de l’association.

La CSMF s’est élevée contre ces « raccourcis démagogiques ». Le syndicat assure que « les prétendus remèdes simplistes avancés par Que Choisir sont irresponsables, car dans tous les pays qui ont fait ce choix, la coercition sur l’installation a eu des effets délétères et contre-productifs ».

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9177