Nicolas Revel, le directeur général de l'Assurance-maladie, a exprimé ce mercredi matin ses réserves sur la mise en place d'un conventionnement sélectif à l'installation des médecins libéraux, en marge du « Café Nile », à Paris.
Le directeur de la CNAM est resté sur la même ligne que la ministre de la Santé Marisol Touraine, qui a exprimé mardi soir sa forte opposition à cet amendement, déposé la semaine dernière par sa famille politique. « Je considère que c'est une mesure inopérante, en dehors même du principe de savoir si on peut faire ce genre de réforme contre les professionnels », a déclaré Nicolas Revel.
Le risque du déconventionnement
Selon lui, le conventionnement sélectif a déjà été mis en place pour les sages-femmes ou les infirmières dont la démographie était homogène sur le territoire, ce qui n'est pas le cas des médecins « et certainement pas des généralistes ».
« On va se retrouver dans une situation où il faudra définir des zones sur-denses, or pour les médecins généralistes ce sera une difficulté de fond, et de surcroît [...] dans combien de départements y aura-t-il des cantons où on aura plus d'installations que de départs ? Peu en réalité, et même très peu », explique le directeur de la CNAM, qui met aussi en avant le risque du déconventionnement des médecins.
« C'est un sujet difficile, multifactoriel qui ne peut être traité que par un ensemble de conjugaisons diverses : les aides à l'installation, encourager les remplacements, les stages d'externes et d'internes, l'attractivité globale, précise Nicolas Revel. Cela ne peut se résumer à un amendement, en un coup de baguette magique. »
Un PLFSS « exigeant »
Invité à s'exprimer sur le contenu du PLFSS 2017, le DG de l'Assurance-maladie a rappelé que ce dernier projet de loi financement de la Sécurité sociale du quinquennat portait des réformes et des mesures importantes et que le rétablissement des comptes sociaux se prolongeait.
« Le déficit de la branche maladie est réellement en réduction et elle est forte », a affirmé Nicolas Revel, qui a également annoncé que l'ONDAM serait respecté en 2016 et qu'il fallait accepter le relèvement de l'objectif des dépenses pour 2017 de 1,75 % à 2,1 % pour honorer notamment les revalorisations des médecins libéraux après la signature de la convention médicale.
« Ce PLFSS est très exigeant, plus que les précédents. La question que tout le monde se pose est de savoir s'il est réaliste ou tenable », a déclaré Nicolas Revel se montrant moins affirmatif que la ministre de la Santé. « La réponse va dépendre de plusieurs paramètres. Cependant, cet effort est nécessaire et possible au regard des marges d’efficience qui demeurent », a conclu le directeur de la CNAM, citant pêle-mêle les actions possibles sur les volumes, la justesse et la durée des prescriptions, les arrêts de travail et l'iatrogénie.
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