DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE 9 MAI DERNIER, une jeune femme enceinte de six mois avait accouché seule à la maternité de Montauban, après avoir été admise en urgence dans le service. Elle avait demandé de l’aide, en vain, pendant 20 minutes. À la naissance, le fœtus mort-né ne pesait que 475 grammes ; les médecins experts ont estimé qu’il n’était pas viable. Mais aujourd’hui la famille a porté plainte, une enquête interne a été menée au sein de l’hôpital et si l’ARS n’a toujours pas communiqué officiellement les résultats de sa propre enquête sanitaire, diligentée deux jours après les faits, elle évoque en coulisses un défaut d’organisation. Le directeur de l’établissement, Joachim Bixquert, explique au « Quotidien » : « Notre hôpital réalise 850 accouchements par an, soit en moyenne deux ou trois par jour, mais ce jour-là, nous avons eu un pic d’activité avec 7 accouchements. La sage-femme qui s’occupait de la jeune femme a été appelée pour un accouchement instrumental et s’est absentée. Bien sûr cela n’excuse pas le fait que la patiente soit restée seule aussi longtemps et notamment au moment de l’expulsion », détaille le directeur.
Pourtant, les effectifs étaient conformes ce jour-là, avec 3 sages-femmes (présentes l’une au bloc, l’autre en suites de couches et la 3e en consultation) et cinq médecins (l’un au bloc opératoire, deux en consultation, un autre au bloc obstétrical et le dernier en réunion). Joachim Bixquert ajoute : « À ce jour, l’ARS ne m’a commenté qu’oralement les conclusions de son rapport, mais je ne l’ai pas encore eu en main propre. Bien sûr, cela appelle des questions. Pourquoi une sage-femme supplémentaire, en repos au moment des faits, n’a-t-elle pas été appelée en renfort par ses collègues pour quelques heures ? Pourquoi le médecin affecté au bloc obstétrical est-il resté seul, alors que selon les procédures, en pareil cas, il faut appeler un collègue en soutien ? Nous envisageons de remettre à plat toutes les procédures, car vraisemblablement certaines étaient méconnues ou n’ont pas été appliquées correctement. Nous mettrons aussi en place un système d’alerte en cas de surcroît d’activité », détaille le directeur.
En tout état de cause, il assure que le service n’est pas en sous-effectif. « L’effectif est parfaitement normé par rapport à l’activité de notre maternité. Le reste, c’est bien sûr plutôt un problème d’organisation. »
Une équipe effondrée.
Largement relayée par les médias, l’affaire a fait grand bruit et stigmatisé l’établissement. Depuis, l’équipe mise en cause bénéficie d’un suivi psychologique. « Au sein de la CME, c’est l’abattement le plus complet, le corps médical ne comprend pas l’acharnement médiatique dont il a été victime. Un amalgame a été fait entre cette histoire, et deux décès d’enfants survenus ces derniers mois, dans notre établissement. Pourtant les circonstances étaient différentes à chaque fois. Enfin, je crois que dans l’inconscient collectif, les gens ne voient plus les hôpitaux que comme des endroits dans lesquels on guérit, malheureusement, il ne faut pas se voiler la face. Dans notre quotidien il y a la mort aussi », analyse Joachim Bixquert.
De son côté, la famille a porté plainte contre X, sans qualification juridique. Mais cette plainte pourrait être requalifiée prochainement en fonction de nouveaux éléments attendus dans l’enquête. « La première autopsie pratiquée sur le fœtus a révélé qu’il était mort-né. Néanmoins, j’ai demandé au procureur du parquet de Montauban un complément d’autopsie pour savoir à quel moment exactement il est mort et s’il y avait une intervention technique à faire pour le sauver au moment de l’arrivée de ma cliente à l’hôpital. En fonction de ces conclusions, nous pourrions requalifier la plainte pour non-assistance à personne en danger ou absence de soins », explique Me Laurent Mascaras, l’avocat du couple.
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