En pleine période électorale, un sujet stigmatise l’attention des journalistes et des candidats : le domaine de la santé. Cette situation est quelque peu cocasse, car depuis pas mal d’années, on a toujours essayé de ne pas parler ou de débattre sur ce sujet.
Lors des débats de la primaire de gauche, on a pu confronter les solutions proposées par les candidats pour réformer notre système de santé qui est visiblement malade. Ainsi, pour repeupler les zones déficitaires, plusieurs solutions ont été proposées :
1. Exiger des jeunes médecins qu'ils accomplissent leur service civil durant quelques années dans ces zones dépourvues de médecins.
2. Rémunérer les mercenaires qui vont s’installer en zone déficitaire au moyen d’une bourse.
3. Réduire la paperasse administrative qui embolise l’activité professionnelle des médecins libéraux.
4. Augmenter voire abolir le numerus clausus.
5. Créer plus de maisons de santé pour assurer une présence médicale au sein de zones déficitaires…
Bref, toutes ces solutions nous montrent une nouvelle fois que les politiques ne comprennent pas le problème de la médecine libérale. Plutôt que de se poser la question des solutions, il semble plus opportun de discuter des causes de ces désaffections.
Tout d’abord notre ministre de la Santé n’a pas démérité dans son travail de sape du secteur libéral au profit du monde hospitalier. Elle a oublié que la médecine libérale reste et restera la cheville ouvrière d’une politique de santé intelligente. Promouvoir la médecine libérale, c’est aussi la soutenir, et dans ce domaine, les médias ont quelque peu chargé la mule (avec la bénédiction du pouvoir politique en place) en faisant passer les médecins pour des bourgeois attirés par l’argent, et négligeant souvent la santé des patients (qui arrive au 2e plan).
Ensuite, la paperasse est le grand problème de la médecine libérale. En fait, notre président actuel avait promis de la réduire, et ses paroles sont restées vaines. Alors à l’avenir, ce vœu risque de devenir une promesse qui ne sera pas tenue.
Augmenter le numerus clausus n’est pas forcément une bonne mesure. En fait le nombre de médecins en activité en France est bien plus important qu’auparavant. Cependant, de très nombreux postes médicaux administratifs ont été proposés à des collègues au sein des conseils généraux, régionaux… Ces confrères n’ont pas hésité à postuler car outre la sécurité de l’emploi, ils ont des horaires de travail raisonnables, et le stress reste très limité.
Créer des maisons médicales va permettre d’éviter un isolement professionnel, mais ne va pas résoudre le problème du travail qui devient de plus en plus important, et surtout risque de mettre les collègues en porte à faux vis-à-vis de leurs convictions. Ces maisons de santé sont financées par des organismes publics qui vont avoir certaines exigences pas nécessairement axées sur des critères médicaux, mais plus financiers.
Obliger les jeunes médecins à travailler dans des zones déficitaires risque de créer une réelle aversion pour la médecine libérale, ou va conduire à une absence d’émulation de ces praticiens qui risquent de ne pas être aussi humanistes que leurs aînés.
Payer des médecins pour aller dans une zone déficitaire est une façon de penser que les médecins ne sont intéressés que par l’argent. Une approche humaniste dans notre métier n’est pas axée sur un tel critère. Or pour exercer dans ces zones, être empathique vis-à-vis de la population est une qualité importante à avoir. N’oublions pas que les médecins se frottent à une zone déficitaire au niveau de la santé, mais aussi au niveau des administrations (école, poste…). Les patients évoluant dans ce milieu souffrent parfois également de leur isolement administratif, mais doivent pour des raisons professionnelles ou financières accepter leur situation.
Enfin, un autre problème est responsable de cette désaffection : l’insécurité. Nombreux sont les collègues qui sont régulièrement agressés, et nos politiques n'ont jamais trouvé (ou cherché) de solutions pour les soutenir. Rares sont les délinquants ayant agressé physiquement des médecins qui ont été poursuivis par les juges. Cette impunité est récurrente, et affaiblit les bonnes volontés qui souhaitent intervenir dans ces zones déficitaires (essentiellement les banlieues des grandes villes). Restaurer la confiance, et punir sévèrement les responsables des agressions doit être une priorité. Cette priorité est fondamentale pour les médecins, mais aussi pour la totalité de nos concitoyens.
Réaffirmer les valeurs de la République doit être la priorité du futur candidat ! Aussi, pour que la médecine libérale puisse s’épanouir convenablement, et réduire les déserts médicaux, il faut avant tout écouter les aspirations des praticiens de terrain, et faire le nécessaire pour les respecter, et observer qu’en 2017, pour exercer la médecine libérale, il faut avoir le cœur bien accroché. En effet, ce n’est pas uniquement en revalorisant le métier sur une base économique qu’il sera possible d’avoir de la considération vis-à-vis des libéraux.
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