En polaire bleue, l'air détaché, le praticien qui jouissait juqu'alors d'une excellente réputation a écouté sans réagir la lecture glaçante de l'acte d'accusation. Ce médecin généraliste suédois est jugé à partir de lundi à Stockholm pour avoir drogué, violé et séquestré une jeune femme en septembre dernier. Comparé par la presse suédoise à Josef Fritzl -cet Autrichien qui a séquestré et violé sa fille Elisabeth pendant 24 ans- l'accusé, âgé de 38 ans, encourt la prison à vie pour enlèvement et viol aggravé.
Se faisant passer pour un Américain, le trentenaire, originaire du sud de la Suède, avait rencontré la jeune femme une première fois le 10 septembre chez elle à Stockholm après qu'ils eurent établi un contact à distance. Ils avaient alors eu un rapport consenti. Deux jours plus tard, il était revenu avec du champagne, des fraises et du jus de fruit bourrés de rohypnol. Il l'avait violée alors qu'elle était inconsciente puis transportée dans un fauteuil roulant jusqu'à sa voiture, équipée de fausses plaques d'immatriculation.
Il avait fait sans encombres les 550 km séparant Stockholm de son domicile près de Kristianstad (photo), dans l'extrême sud du pays. Il avait alors installé la jeune femme dans un véritable "bunker" construit à l'abri des regards. Une cellule insonorisée, pourvue d'un lit et de toilettes, était accessible par deux épaisses portes à verrouillage électronique.
Le médecin lui avait imposé des prélèvements sanguins et vaginaux pour s'assurer qu'elle n'était porteuse d'aucune maladie sexuellement transmissible. Mais ses desseins avaient été rapidement contrariés. La sachant recherchée, il s'était rendu avec elle dans un commissariat de Stockholm moins d'une semaine plus tard, en lui demandant d'expliquer aux policiers que sa disparition n'avait rien d'inquiétant. Devant le comportement étrange du couple, les policiers avaient fini par interroger seule la victime, qui avait aussitôt révélé les faits. L'homme avait été interpellé.
A l'audience lundi, la jeune victime, terrorisée, les mains gantées de noir, s'était entièrement dissimulé la tête sous un châle. "Elle va mal. C'est très dur pour elle de se retrouver face à lui", a expliqué son défenseur, Jens Högström. L'accusation devait détailler la minutieuse préparation des faits qui ont conduit l'accusé devant un tribunal. Pour la défense, c'est un homme "brisé" par la solitude. "Il voulait désespérément trouver une compagne", a expliqué son avocate, Mari Schaub, assurant qu'il regrettait son geste. "Il a agi sous le coup d'un désordre psychique", a-t-elle plaidé. Le tribunal a ordonné le huis clos à la demande de la partie civile.
(Avec AFP)
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