Un généraliste associe homéopathie et « charlatanisme » : pas de diffamation selon la justice

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Publié le 04/09/2019
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Le déremboursement de l'homéopathie annoncé cet été par Agnès Buzyn n'a pas mis fin aux querelles entre anti « Fake Med » et défenseurs de cette pratique complémentaire. Les 70 plaintes déposées par le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) à l'encontre de signataires de la tribune anti « Fake Med » de mars 2018 mobilisent toujours les Ordres régionaux.

En attendant leur verdict, une décision de justice fait beaucoup parler la communauté de généralistes opposés à l'homéopathie sur les réseaux sociaux.

Le tribunal correctionnel de Créteil a en effet rendu une décision favorable au Dr Jean-Jacques Fraslin, généraliste en Loire-Atlantique. En octobre 2018, le médecin avait écrit sur Twitter que « l'homéopathie [ouvrait] la porte à tous les autres charlatanismes ». Mardi, le tribunal a débouté le Dr Daniel Scimeca, président de la Fédération française des sociétés d'homéopathie, qui avait déposé plainte pour diffamation. Cette décision — lue à l'avocat du Dr Fraslin et qui sera officiellement remise au médecin dans dix jours — « soulage » le médecin ligérien, ainsi que ses confrères « no Fake Med » (voir les tweets ci-dessous). Même si le généraliste assure qu’il « n’était pas très inquiet » à l’issue de la dernière audience, qui s’était tenue au printemps.

Un argument pour les plaintes pour anti-confraternité

Également visé par l'une des 70 plaintes du SNMHF, le Dr Fraslin estime désormais que la décision du tribunal correctionnel de Créteil pourrait jouer en sa faveur, et celle de ses confrères. « Elle peut aider mes collègues car un tribunal civil dit que qualifier l’homéopathie de charlatanerie n’est pas diffamatoire, et donc a priori pas anti confraternel non plus », explique-t-il.

« Nos avocats vont se servir de cette décision », prévient le Dr Fraslin. Pour lui, l'argument ne sera pas forcément reçu par les chambres disciplinaires de première instance (CDPI) régionales. « Leurs décisions sont complètement différentes. Certains de mes confrères sont relaxés, d'autres ont écopé d'un avertissement ou d'un blâme », observe-t-il. Et le médecin de s'interroger sur la « crédibilité » de ces instances, qu'il juge « assez hermétiques », « notamment à la déclaration commune des académies de médecine et de pharmacie et à l’avis de la HAS (sur l'homéopathie, ndlr) ».

L'argument pourrait en revanche faire mouche devant la commission disciplinaire du Cnom, indépendante du bureau de l’Ordre, selon Jean-Jacques Fraslin. Les médecins visés par une plainte faisant appel systématiquement en cas de sanction et le SNMHF faisant de même en cas de relaxe, les 70 plaintes seront jugées par cette instance.

Le feuilleton opposant le SNMHF aux « anti fake med » est donc loin d’être clos. Quant au Dr Jean-Jacques Fraslin, il devrait se présenter cet automne devant la CDPI des Pays de la Loire. « Mon avocat et moi rappellerons les décisions récentes à la chambre, confie le médecin. Et je pense que le verdict sera différent de celui de mes deux confrères des Pays de la Loire (qui ont écopé d'un avertissement, ndlr). »


Source : lequotidiendumedecin.fr