Qualifié de "monstre" pour avoir mené des mastectomies ou ablations du sein inutiles, un chirurgien britannique vient d'être condamné à 15 ans de prison. Le Dr Ian Paterson avait été empêché d’exercer pendant quelque temps après une opération ratée en 1996 dans un hôpital de Birmingham. En 2003, il avait éveillé des soupçons mais avait continué à pratiquer et n'a été suspendu définitivement qu'en 2012.
Lors du procès, le juge a estimé que le chirurgien était mû par "un sentiment de pouvoir et les profits matériels" découlant de ces opérations. "Vous avez joué avec les peurs, en inventant ou en exagérant délibérément le risque qu'un cancer se développe", a-t-il relevé. Des douzaines de femmes et leurs proches ont défilé à la barre pendant le procès, à Nottingham, pour raconter leur calvaire. "C'est un monstre", a ainsi lancé Carole Johnson, qui est passée six fois sous le bistouri du chirurgien en sept ans, alors que seule la première intervention était, semble-t-il, nécessaire. "J'ai perdu ma maison, mon mari, ma santé, mon travail, j'ai tout perdu", a lancé Diane Green, victime d'une mastectomie controversée. Un homme, John Ingram, aussi opéré pour un état "pré-cancéreux", a relevé : "Je me demande si 15 ans sont suffisants pour quelqu'un qui n'a pas manifesté le moindre remords, et a fait vivre l'enfer à ses patients".
L'affaire a jeté le trouble sur le système britannique de santé et la justice Outre-manche. Nombre de victimes réclament ainsi une enquête pour savoir pourquoi et comment il a été autorisé à pratiquer. Pour Charlie Massey, chef de l'ordre des médecins, "il est parfaitement légitime de poser des questions sur le pourquoi et le comment et surtout, comment empêcher que cela se reproduise". "S'il a pu continuer à sévir si longtemps, c'est parce qu'au sein du système de santé, des responsables mais aussi ses collègues avaient des soupçons mais ne nous en ont pas fait part", estime-t-il.
"Cette affaire révèle une énorme faille dans le système judiciaire", souligne pour sa part Linda Millband, avocate de plusieurs victimes. Cinq cents ex-patientes réclament des dommages et intérêts à une mutuelle privée après la condamnation du médecin pour "blessures volontaires" sur 10 femmes. Le NHS a jusqu'ici versé 9,5 millions de livres (10,9 millions euros) de dommages et intérêts, suite aux plaintes de près de 800 patients de Paterson, selon l'agence britannique Press Association.
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