On sait qu’il existe des inégalités de santé liées au genre. L’OMS, dans un rapport publié en novembre 2009 consacré aux femmes et à la santé, avait ainsi observé que le sexe et le genre ont un impact important sur la santé. Les femmes sont en effet fragilisées par leur vie hormonale. Les recommandations de l’AHA publiées en février 2014 dans la revue Stroke, ont montré par exemple que les femmes sont plus sujettes aux AVC que les hommes.
Dans le domaine gynécologique, une fois ces inégalités de genre éliminées, on constate que des inégalités de santé « intra-genre » pénalisent les femmes. Elles sont d’abord économiques et sociales. Une étude de la Drees de 2011 sur l’état de santé des populations en France a pointé que les différences de comportement entre hommes et femmes envers l’alcool et le tabac (les femmes buvant et fumant moins que les hommes) étaient moins marquées dans les milieux favorisés.
Contraception : plus le diplôme est bas, plus il y a d’échecs
La HAS a noté aussi, que pour la contraception, les échecs étaient d’autant plus nombreux que le diplôme était bas et que, à l’opposé, plus les femmes étaient diplômées, plus elles avaient recours à l’IVG en cas de grossesse non prévue. Dans le champ de la prévention, certains dispositifs, comme le dépistage organisé, ont contribué à réduire ces inégalités de santé.
Ainsi, la généralisation du dépistage organisé du cancer du sein en France depuis mars 2004, a, entre 2000 et 2008, augmenté de 14 % la proportion de femmes déclarant avoir bénéficié d’une mammographie peu de temps avant d’être interrogées et les écarts entre les catégories sociales se sont atténués. Reste qu’en 2008, le risque de n’avoir pas eu de mammographie depuis deux ans était tout de même 1,6 à 2 fois plus élevé chez les employées, agricultrices et les ouvrières, que chez les cadres (Enquête Handicap-santé, 2008).
Sur le dépistage du cancer du col, le Baromètre cancer 2010 de l’INPES a observé que le suivi gynécologique des femmes était plus fréquent, notamment parmi celles ayant un niveau d’étude supérieur ou égal au baccalauréat. L’enquête Handicap-santé a relevé que le risque n’avoir pas eu de frottis cervical depuis trois ans était, chez les employés, agricultrices et ouvrières, 1,5 à 2,6 fois plus élevé que chez les cadres. Quant à la vaccination anti-HPV, sa pratique concernait selon l’INPES 27 % des jeunes femmes de 15 à 25 ans. L’inégalité de santé ne se déclinait pas ici en termes de revenu, mais entre professions intermédiaires (38 % des jeunes femmes vaccinées) et les autres professions (24 %).
La catégorie sociale conditionne aussi l’accès aux soins. Un rapport de 2014 de l’association Médecin du monde a montré que 2/3 des femmes enceintes en situation de grande précarité n’avaient pas eu accès à des soins prénataux avant de consulter dans des centres de santé. Autre exemple, pour la prise en charge du cancer du sein, une double inégalité entre en jeu. Les femmes de condition sociale défavorisée profitent de facteurs protecteurs (grossesses plus précoces et davantage d’enfants) et ont donc moins de cancers du sein.
En revanche, les femmes cadres bénéficient d’un meilleur taux de survie quand le cancer est diagnostiqué du fait d’un meilleur accès au dépistage et aux soins. Autre pathologie féminine fréquente, l’incontinence urinaire souffre de l’inégalité qu’implique le non-remboursement des nouveaux anticholinergiques de dernière génération. D’autant que les protections urinaires restent à la charge des patientes.
Moins de gynécologues dans les zones rurales
Enfin, d’après un travail du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, les femmes des zones rurales sont défavorisées en matière d’accès aux soins, du fait de la fermeture des petites structures de santé, rendant difficile l’accès à l’hôpital. La même enquête a conclu que les patientes en milieu rural mettaient deux fois plus de temps qu’ailleurs à accéder à une maternité. De plus ces territoires ruraux, peu générateurs de revenus, manquent cruellement de gynécologues.
Les inégalités de santé périnatale en France combinent , quant à elles, inégalités sociales et géographiques. Une enquête de la Drees de 2015 a constaté que les femmes vivant dans les communes avec un pourcentage élevé de chômeurs, de personnes ayant un niveau d’études peu élevé et de ménages à faible revenu avaient un risque accru de mauvaise santé périnatale (avec une mortalité néonatale accrue et un taux d’accouchement prématuré plus élevé)
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