Les maires n'ont pas attendu très longtemps pour faire de la santé un sujet central du grand débat national.
Dès le 16 janvier – au lendemain du coup d'envoi officiel –, l'Association des petites villes de France (APVF) a dévoilé une série de propositions dont un chapitre est entièrement consacré à la lutte contre la désertification médicale. « Il n'y a pas un discours de maire où l'on n'entend pas parler de désertification médicale, il n'y a pas un territoire où l'on ne parle pas de la question des hôpitaux publics », assure Christophe Bouillon, président de l'association.
Le député socialiste de Seine-Maritime espère, avec ce document intitulé « Pour un nouveau contrat territorial », faire remonter différentes thématiques laissées de côté. « Ces propositions visent à la fois à exposer des solutions concrètes aux pouvoirs publics et à alimenter les débats avec les forces vives », précise Pierre Jarlier, président délégué de l'APVF et maire de Saint-Flour (Cantal). Et de poursuivre : « En tant que maires et facilitateurs des débats, on se doit de ne pas arriver les mains vides ».
L'APVF ne s'impose aucun tabou. Pour mieux répartir les médecins, sa proposition phare – la remise en cause de la liberté d'installation – est une potion amère pour la profession, aux antipodes de la politique incitative menée par le gouvernement. « Cette régulation peut prendre plusieurs formes, détaille l'APVF. Le non-conventionnement à l'assurance-maladie dans les territoires déjà surdotés [sur le principe d'une arrivée pour un départ, NDLR] ou l'obligation d'exercer en début de carrière et pour une durée limitée, à temps plein ou partiel, dans un territoire prioritaire de santé ».
Cercle vicieux
« Emmanuel Macron ne veut pas de tabou dans les questions, nous n'avons pas de tabou dans les réponses », assume Christophe Bouillon, conscient de lancer un pavé dans la mare. « On a déjà tout essayé en matière d'installation, il est temps de recourir aux mesures fortes. »
Les édiles des petites villes proposent également la création de « territoires prioritaires de santé » sur le modèle des quartiers prioritaires de la politique de la ville, pour remplacer le zonage actuel des agences régionales de santé (ARS) et mieux identifier les « enjeux transversaux de l'accès aux soins (liés aux questions de cadre de vie, d’attractivité économique, de mobilité, etc.), brisant ainsi le cercle vicieux de la dévitalisation ».
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