Qu’est-ce que le remboursement de la télémédecine va changer pour le généraliste ?
Lydie Canipel : La téléconsultation va rapprocher les médecins des patients. Elle va remettre des consultations dans des territoires où il n’y en avait plus. Le médecin, souvent déjà surbooké avec des consultations physiques, va devoir réfléchir à l’organisation de son temps de travail pour réaliser des consultations à distance. Ce 15 septembre, un nouveau modèle économique se met en place. Il faut que les pratiques professionnelles évoluent et que les médecins se forment. À l’écran, tout est centré sur l’interrogatoire. Le généraliste devra donc faire preuve d’une écoute encore plus forte qu’en face-à-face.
Et pour le patient ?
L. C. Les outils connectés permettront de faire du suivi de la pathologie chronique là où il y avait une rupture de prise en charge à cause du manque de médecins et des délais de rendez-vous. Faire le choix du suivi à distance implique une décision partagée entre médecin et patient. Ils décideront ensemble des consultations physiques et de celles à distance. La téléconsultation implique que le patient possède un ordinateur avec une caméra. Le médecin devra également fournir à son patient le logiciel à télécharger pour pouvoir échanger de manière sécurisée avec une authentification forte.
Quelles limites subsistent au développement de la téléconsultation ?
L. C. D’un point de vue matériel, beaucoup de médecins disposent de caméras aujourd’hui mais une condition essentielle doit être remplie pour faire de la téléconsultation : il faut du réseau ! Il reste encore en France des zones blanches ou des territoires où le débit est lent, ce qui ne permet pas de faire des visioconférences de qualité. Concernant la consultation en elle-même, comme l’a écrit la HAS, il n’y a pas de contre-indication à la téléconsultation. Elle est ouverte à tous et pour toutes les pathologies. La seule limite est quand le médecin a besoin de palper. Il doit alors réorienter le malade vers une consultation classique.
Les généralistes sont-ils prêts à se lancer ?
L. C. Un grand chemin a été parcouru. Je suis le développement de la télémédecine depuis 2004. Au début, il y avait une résistance au changement très forte, mais aujourd’hui les généralistes sont ouverts, notamment dans les maisons de santé pluridisciplinaires. Cela a commencé par un groupe de novateurs curieux de développer la télémédecine, et nous nous trouvons dans la deuxième phase. Les pionniers entraînent désormais des praticiens motivés. Il y aura toujours quelques réfractaires, c’est normal. Mais globalement, tous les feux sont au vert pour la téléconsultation.
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